La secte islamiste Boko Haram multiplie les attaques et menace de s’en prendre au secteur pétrolier du Nigéria

Pendant que les regards sont fixés sur la situation en Centrafrique, les évènements en Ukraine ou encore les JO de Sotchi, la secte islamiste Boko Haram, implantée dans le nord du Nigéria, se livre à des exactions de grande ampleur depuis quelques jours.

Le 11 février, ses militants ont attaqué la localité de Konduga, situé dans l’Etat de Borno. Selon un responsable de ce dernier, « 39 personnes ont été tuées et plus de 70% du village a été rasé jusqu’aux fondations ». Les assaillants sont arrivés à bord de véhicules tout terrain et ont mitraillé tout ce qu’ils ont pu.

Toujours le nord-est du pays, des hommes en armes présumés appartenir à Boko Haram s’en sont pris, deux jours plus tard, au village à majorité chrétienne, ont rejoué le même scénario. Au moins 106 personnes ont été tuées, dont

« Les assaillants sont arrivés vers 21h30 à bord de six camions et pour certains en motos. Ils portaient des uniformes militaires. Ils ont demandé aux hommes de se rassembler à un endroit, et ils ont commencé à les taillader et à les massacrer », a raconté un habitant. Et, d’après le gouverneur de l’Etat de Borno, ils ont aussi « pillé des commerces et des magasins de produits alimentaires, chargé leur butin dans des voitures appartenant aux habitants et ils ont fui dans la brousse ».

Le même jour, selon un porte-parole militaire, un village de pêcheur situé sur le lac Tchad a également été attaqué. Les assaillants ont ouvert le feu sur les habitants, dont certains sont morts par noyade en tentant de fuir.

Enfin, le 19 février, la ville de Bama (300.000 habitants), située également dans l’Etat de Borno, a été à son tour attaquée par des militants de Boko Haram, arrivés en camion avec des armes lourdes. Le bilan s’éleverait à une centaine de morts parmi les civils et d’importants destructions ont été constatées. L’aviation nigériane est toutefois intervenue pour mettre les combattants islamistes en fuite. « Je ne peux dire le nombre de tués parmi les assaillants, mais le chiffre est énorme », a déclaré le chef de la police de l’Etat de Borno.

Depuis mai 2013, l’armée nigériane a lancé une vaste offensive contre Boko Haram, l’état d’urgence ayant été déclaré par le président Goodluck Jonathan dans les régions du nord du pays. Manifestement, les résultats ne sont pas au rendez-vous…  Ce qui a valu le limogeage, en janvier, des 3 principaux chefs militaires…. Visiblement, cela n’a pas changé grand chose.

« En raison de l’état actuel de la situation, il est absolument impossible pour nous de vaincre la secte Boko Haram », a ainsi estimé Kashim Shettima, le gouverneur de l’État de Borno. « J’ai précisément souligné au président que le Boko Haram est mieux armé et plus motivé. Ils ont une approche très fluide pour vaincre les communautés, et tuer des gens », a-t-il aussi affirmé.

« Nous sommes choqués par cette violence extrême et aveugle observée récemment au Nigéria », a réagi, le 18 février, Ravina Shamdasani, porte-parole du Haut-Commissariat aux droits de l’homme. « Nous exhortons le gouvernement à faire davantage pour fournir sécurité et protection aux civils, notamment dans les régions où il y a des risques d’attaques et où l’état d’urgence a été déclaré et (…) appelons aussi les autorités à lancer une enquête rapide et complète et à s’assurer que les auteurs de ces violations flagrantes des droits de l’homme et de ces tueries soient poursuivis et rendent des comptes », a-t-elle ajouté.

Mais pour Kashim Shettima, les responsables politiques « jouent à l’autruche », c’est à dire qu’il les a accusés de ne pas se sentir concernés par ce qu’il se passe dans le nord du pays étant donné que les actions de Boko Haram ne déstabilisent pas l’Etat, dont les activités économiques, et notamment pétrolières, sont situées dans le sud (le pétrole représente plus de 90% des exportations du Nigeria). Sauf que, cela pourrait changer.

En effet, le chef de la secte islamiste, Abubakar Shekau, dont la tête a été mise à prix par les Etats-Unis (pour 7 millions de dollars), a menacé de lancer des attaques dans les régions pétrolières du pays. « Vous, dirigeants du Delta du Niger, vous allez bientôt voir vos raffineries détruites », a-t-il affirmé dans un message vidéo de 28 minutes, dans laquelle il est apparu entouré d’un char, de deux blindés, d’autres véhicules militaires ainsi que par une douzaine d’hommes en armes.

L’autre menace que fait peser Boko Haram est la déstabilisation de pays riverains. Les attaques de village près du Lac Tchad, la proximité avec le Cameroun (où le groupe jihadiste s’est infiltré, la preuve avec les récentes affaires d’otage) laissent, en tout cas, le présager. Qui plus, le chef de l’armée nigérienne a affirmé, il y a quelques jours, que plusieurs combattants nigérians avaient été tués dans la ville frontalière de Diffa…

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