La Défense suisse veut recruter 100 pilotes de combat

L’aviation suisse n’est pas intervenue lors du détournement vers Genève, le 17 avril, d’un Boeing 767-300 d’Ethiopian Airlines par son co-pilote. L’appareil a d’abord été pris en charge à 5H07 par des Eurofighter italiens, puis, quelques minutes plus tard, par un Mirage 2000C de l’Escadron de chasse 2/5 Île de France de la base aérienne 105 d’Orange, qui sera relevé par un second, 40 mn plus tard.

« À 05h17, la reconnaissance à distance réalisée par l’avion de chasse confirme que le vol d’Ethiopian Airlines met le cap sur la Suisse. Un négociateur dépêché sur l’aéroport de Genève par les autorités suisses est en contact avec le pirate de l’air qui refuse de poser l’avion tant que ses exigences ne sont pas acceptées », a expliqué l’armée de l’Air.

« À 5h56, la HADA (ndlr, haute autorité de défense aérienne) ordonne le décollage d’un second Mirage 2000 C d’Orange pour relever le premier. Les négociations aboutissent et le vol ETH 702 d’Ethiopian Airlines entame sa phase d’approche sur Genève et se pose à 06h02 », a-t-elle ajouté, en soulignant que « ce cas de détournement réel d’un avion de ligne a permis de mettre à l’épreuve les chaînes de commandement de sûreté aérienne suisse, italienne et française, conjointement à la coordination avec les autorités suisses qui a eu un rôle déterminant ».

Seulement, le fait que l’aviation suisse n’est pas intervenue pour une affaire qui concernait son espace aérien a suscité la polémique (et l’étonnement pour celles et ceux qui se rappellent de l’épisode « Vista Diaboli », de la série « Les chevaliers du ciel », diffusée en 1988). Notamment à cause de l’aveu de son porte-parole, selon lequel les avions de chasse de la Confédération ne décollent pas en dehors des heures de bureau. La question de savoir si, au-delà de cet aspect, une paire de F-18 aurait pu ou non intervenir, n’a pas été posée.

Pour Ueli Maurer, le chef du Département fédéral de la Défense, de la protection de la population et des sports, même si les forces aériennes suisses avaient été opérationnelles ce 17 avril, la « prise en charge de l’avion éthiopien détourné sur l’aéroport de Genève n’aurait pas été différente ». Tout simplement parce qu' »elles ne seraient pas intervenues pour quelques kilomètres », a-t-il expliqué.

« La Suisse dispose d’un accord avec la France pour ce genre de cas. De plus, le service d’alerte a bien fonctionné, puisque les autorités suisses ont été informées à 04h13 par l’armée italienne », a fait valoir le conseiller fédéral, qui marche sur des oeufs avec cette affaire-là étant donné qu’une « votation » qui décidera de l’achat de 22 avions de combat de type Gripen doit avoir lieu en mai prochain.

Cependant, Ueli Maurer est bien décidé à ce que la police dans le ciel hélvète soit assurée en permanence, y compris en dehors des heures d’ouverture de bureau. Or, pour cela, le conseiller fédéral a parlé de la nécessité de recruter pas moins de 100 pilotes supplémentaires dans les années à venir, ce qui demanderait d' »investir quelque 30 millions de francs par an ». Selon lui, « cette mesure ne sera pas possible avant 6 ans ».

« Le but serait d’avoir toujours un avion prêt à décoller en quinze minutes au plus dans un hangar à Payerne. Le pilote devrait dormir près de l’appareil. Mais il faudrait aussi disposer de personnel au sol, mécaniciens et autres techniciens », a-t-il expliqué.

Bonus : Pour les nostalgiques, l’épisode des Chevaliers du ciel en question 😉

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