Quand Thales Alenia Space dément les propos tenus par son propre patron

Le communiqué est sec et tellement bref qu’il tient en deux phrases. « Faisant suite à la parution, ce jour, d’une dépêche de presse relative à la vente d’un satellite français aux Emirats Arabes Unis (ndlr, et dont  Zone Militaire s’est fait l’écho), Thales Alenia Space dément les propos attribués à son Président », a ainsi fait savoir la filiale commune à Thales et Alenia. Et d’ajouter : « Thales Alenia Space rappelle sa politique constante de ne pas s’exprimer sur les contrats avant leur mise en vigueur ». Voilà ce qui ressemble fort à une remise dans l’axe!

Qu’avait dit Jean-Loïc Galle, le Pdg de Thales Alenia Space (TAS), pour motiver un tel démenti? Lors d’un colloque sur l’espace organisé par le GIFAS et Euroconsult, le 13 février, il avait dénoncé les manoeuvres américaines pour entraver la vente de deux satellites d’observation de type Pléaides aux Emirats Arabes Unis, dans le cadre du contrat Falcon Eye, qui, d’un montant de 700 millions d’euros, avait été conclu avec Airbus Defense & Space en juillet 2013.

Ces engins étant conçus avec quelques composants électroniques non sensibles fabriqués aux Etats-Unis, Washington avait pris tout son temps pour délivrer les autorisations indispensables pour permettre cette vente. Les choses ont depuis été débloquées… mais après l’arrivée à expiration du contrat… Ce qui va obliger à en signer un autre.

« Les industriels américains font du lobbying à Washington pour empêcher que les Européens, aujourd’hui leurs seuls concurrents, exportent ces produits à la place des fournisseurs américains », avait alors dénoncé Jean-Loïc Galle. « Nous ne sommes pas dans un problème de sécurité des Etats-Unis, nous sommes dans un problème de guerre commerciale », avait-il ajouté.

Visiblement, ces propos n’ont pas dû être appréciés au sein de la direction de Thales (ou d’Alenia, voire des deux). Probablement pour d’autres raisons en jeu. D’où ce communiqué quand même assez surréaliste…

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]