Centrafrique : Les milices « anti-balaka » divisées

L’opération de désarmement menée le 15 février dans le quartier de Boy Rabe, à Bangui, par la force Sangaris et les troupes africaines de la Mission internationale de soutien à la Centrafrique (MISCA) aura permis d’en savoir un peu plus sur les milices « anti-balaka », responsables d’exactions commises sur les populations musulmanes, qu’elles assimilent à la coalition de la Séléka, elle-même responsable d’atrocités envers la communauté chrétienne à partir du moment où elle s’empara du pouvoir en mars 2013.

Ainsi, les forces françaises et africaines ont pu appréhender plusieurs meneurs de cette mouvance, dont les lieutenants Ganagi Hervé et Konaté. Ces deux derniers sont accusés d’embrigader des jeunes et de jouer les fauteurs de troubles. Le coordonnateur autoproclamé de ces milices, Patrice Edouard Ngaissona, a quant à lui pu échapper au coup de filet.

En fait, il y aurait deux tendances au sein des milices « anti-balaka », formées bien avant l’arrivée de la Séléka au pouvoir. La première réclame le retour du président Bozizé, déchu en mars 2013. La seconde se dit prête à collaborer avec les nouvelles autorités, incarnées par la présidente de transition Catherine Samba Panza, étant donné qu’elles ont obtenu ce qu’elle cherchait, à savoir la démission de son prédécesseur, Michel Djotodia, incapable de rétablir l’ordre et de maîtriser ses propres troupes.

« Les ‘anti-balaka’ étaient une seule entité mais des problème sont apparus et il y a aujourd’hui une scission », a ainsi fait valoir le capitaine Joachim Kokaté, le 16 février, selon l’AFP, après une rencontre entre Premier ministre de transition André Nzapayéké et dix représentants anti-balaka, tous issus des Forces armées centrafricaines (FACA).

« Nous avons voulu parler avec le Premier ministre du problème sécuritaire », a-t-il indiqué. « Notre objectif était de faire partir Michel Djotodia. A partir du moment où il est parti, les armes doivent se taire et il ne doit plus y avoir d’exactions », a expliqué le capitaine Kokaté, par ailleurs ancien ministre des Petites et Moyennes Entreprises (PME) et à présent porte-parole d’un collectif des officiers libres, apparu à l’été 2013.

« Les ‘anti-balaka’ que nous représentons sont prêts à coopérer pour le retour de la paix. Nous voulons amener les autres groupes à coopérer avec la communauté internationale », a-t-il encore ajouté, sans toutefois donner de précision sur le nombre de miliciens qu’il représente.

A RFI, l’un d’eux, le capitaine Kamizoulay, a affirmé que la « rupture est consommée » entre ces deux tendances « anti-balaka » et que le dialogue est désormais « presque impossible ». « C’est la guerre même au sein des anti-balaka », a-t-il même dit.

Cette « clarification » vient quelques jours après un durcissement du discours tenu à l’égard des miliciens « anti-balaka ». La présidente de transition avait en effet parlé de leur faire la guerre pendant que le général Soriano, le chef de l’opération française Sangaris, les avait qualifiés « de principaux ennemis de la paix » avant de les avertir qu’ils seraient « chassés comme ce qu’ils sont : des hors-la-loi-et des bandits ».

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