Ankara doute de son choix en faveur d’un système de défense aérienne chinois

Quand un pays membre de l’Otan, en l’occurrence la Turquie, annonce avoir choisi un système de défense aérienne chinois, cela ne manque pas de provoquer quelques remous dans la mesure où des informations confidentielles pourraient être transmises à Pékin, ce qui serait de nature à compromettre les procédures entre les Alliés. Et si le founisseur sélectionné est la cible de sanctions pour avoir violé l’embargo sur les armes à destination de la Syrie et de l’Iran, comme c’est le cas de China Precision Machinery Import-Export Corporation (CPMIEC), alors cela n’arrange évidemment pas les choses.

Pour sa défense aérienne, la Turquie avait lancé un appel d’offres, auquel répondirent plusieurs industriels. Outre CPMIEC et son HQ-9, il y avait le russe Almaz-Antey (S-300 PMU-2), les américains Raytheon et Lockeed-Martin (Patriot PAC-3) ainsi que le consortium européen Eurosam (SAMP/T).

Plusieurs éléments firent pencher la balance du côté du groupe chinois. En premier lieu, il était moins cher que ses concurrents (la somme d’un milliard de dollars a été avancée). Mais surtout, la promesse de co-produire le système en question faite aux autorités turques fut déterminant, du moins a priori, étant donné la volonté d’Ankara de développer son industrie de l’armement.

Seulement, et même si, dans un premier temps, les rodomontades de l’Otan et des Etats-Unis n’ont pas fait plier la Turquie sur ce dossier, des doutes se font jour chez certains responsables turcs. A commencer par ceux qui sont chargés de négocier le contrat avec la partie chinoise.

Le secrétaire d’Etat turc aux Industries de défense, Murad Bayar, s’en est ouvert dans un entretien publié par le quotidien Hürriyet, ce 17 février. « Il existe certains risques (dans les discussions avec les Chinois) mais pour l’instant cela de provoque pas de gros blocages », a-t-il affirmé. Et, à la question de savoir si les autorités turques n’étaient pas « entièrement convaincues » par les performances du système HQ-9, ce responsable a répondu « nous pouvons effectivement le dire ».

« Si nous constatons que le projet ne peut continuer avec la Chine alors nous prendrons en considération la deuxième offre », a indiqué Murad Bayar. Ce qui serait une seconde chance pour Eurosam et son SAMP-T. Tant que contrat n’est pas signé avec CPMIEC, tout est encore possible. D’ailleurs, les concurrents écartés l’automne dernier ont encore jusqu’au mois d’avoir pour soumettre aux autorités turques leurs offres révisées. Le choix définitif devrait être confirmé d’ici l’été prochain.

Quant à la possible transmission de données confidentielles de l’Otan à la Chine, Murad Bayar s’est voulu rassurant tout en disant comprendre les craintes des alliés. « Ils ont des inquiétudes que nous comprenons et acceptons », a-t-il dit, en assurant que « toutes les mesures sont prises » sur le plan de la sécurité des informations.

Cela étant, un autre pays membre de l’Alliance atlantique met en oeuvre des armements obtenus auprès de la Russie, sans que cela ait, semble-t-il, provoqué de vives protestation. En effet, la Grèce dispose de systèmes de défense aérienne S-300 d’origine russe, donc incompatibles avec les standards de l’Otan, précédemment acquis par Chypre dans les années 1990. Les forces armées grecques l’ont récemment mis en oeuvre lors de l’exercice « Lefkos Aetos 2013″ (Aigle Blanc).

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]