Un député appelle le gouvernement à faire respecter la souveraineté française sur l’île de Clipperton

Découverte en 1711 par Mathieu Martin de Chassiron et Michel Dubocage, commandant respectivement les frégates La Princesse et La Découverte, l’île de Clipperton (ou île de la Passion) est devenue une possession française depuis 1858. Pour Paris, il s’agissait alors de profiter de la position stratégique que pouvait constituer ce territoire, situé dans l’océan Pacifique, à 12.000 km de la France métropolitaine et à « seulement » 1.300 km des côtes mexicaines.

D’où la contestation, dès la XIXe siècle, de la souveraineté française sur Clipperton par le Mexique, qui voulait alors y exploiter le guano. En 1897, l’île fut occupée par les Mexicains, qui y établirent une garnison qu’ils oublieront quelques années plus tard (de fait, elle fut décimée par le scorbut).

En 1931, suite à une arbitrage, le territoire repassa dans le giron de la France et le restera, excepté pendant une courte période en 1944 étant donné qu’il fut occupé par l’armée américaine qui y construisit une piste d’avition. Tout rentra dans l’ordre en quelques mois plus tard, après une protestation adressée à Washington par Georges Bidault, alors ministre des Affaires étrangères. Quant au Mexique, il reconnut définitivement la souveraineté française sur l’île en 1959.

Bien que d’une surface très modeste (12 km2), l’île de Clipperton offre plusieurs avantages à la France. Elle lui a ainsi permis, selon le ministère de l’Outre-Mer, de  » d’adhérer (en 1973, ndlr)  à l’Inter American Tropical Tuna Commission (IATTC) qui ouvre l’une des zones de pêche les plus riches du monde ». Sa Zone économique exclusive (ZEE) s’étend sur de 450 000 km2 contre 345 000 km2 pour la France métropolitaine.

« Les potentialités halieutiques de la zone sont mal connues, les organismes français de recherche n’ayant pas effectué de relevés systématiques de la ressource; celle-ci est principalement constituée d’espèces migratoires (thons et thonidés) », précise le ministère de l’Outre-Mer.

Seulement, la France n’a pas les moyens de faire respecter sa souveraineté sur ce territoire, la Marine nationale étant réduite à râcler les fonds de tiroir pour trouver des patrouilleurs… Ce qui rend possible des incidents, dont un a été évoqué par le député Philippe Folliot, très attaché à la défense des territoires français que l’on a tendance à oublier.

Ainsi, dans un courrier adressé au ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, l’élu du Tarn « s’est vigoureusement insurgé contre une expédition clandestine menée par trois personnes sur l’île de Clipperton et arborant fièrement un drapeau mexicain ».

« Je souhaiterais savoir s’il y a une quelconque autorisation donnée à ces jeunes pour débarquer sciemment sur le territoire nationale », demande M. Folliot. « Si ce n’est pas le cas, poursuit-il, y a-t-il eu au regard d’une violation manifeste de notre territoire et du droit international, une vive protestation  de la part des autorités françaises aux autorités mexicaines? » Pour le moment, l’on attend la réponse…

Cela étant, ce dossier est loin d’être anodin. Car la France détient « un titre minier sur les nodules (poly-métalliques contenant des terres rares) dans les grands fonds marins au large de Clipperton », indique un rapport de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques, présenté en mars 2011 à l’Assemblée nationale.

Or, ces métaux, de par leurs propriétés physiques, notamment optiques et magnétiques, sont essentiels pour la haute technologie. Ce qui ne manque pas de susciter de la convoitise (un récent dossier du quotidien Les Echos parlait de « nouvel or noir ». Voilà ce qui est de nature à renforcer l’importance de l’île de Clipperton.

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