La vente de deux satellites français aux Emirats compromise à cause des Etats-Unis (MàJ)

En juillet dernier, le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, revenait des Emirats arabes unis avec, en poche, le contrat FalconEye, d’un montant de plus de 700 millions d’euros. Il s’agissait alors pour Airbus Defence and Space (ex-EADS Astrium) et Thales Alenia Space (TAS) de livrer à Abu Dhabi, d’ici 2018, deux satellites d’observation de type Pléiades.

Sans nul doute, il s’agissait d’un joli coup puisque l’américain Lockheed-Martin était aussi sur les rangs pour remporter ce contrat. L’industriel en avait même fait une priorité dans la mesure où il chercher à placer des satellites destinés à ational Geospatial-Intelligence Agency et dont la commande venait d’être annulée par le Pentagone.

Seulement, en janvier, un responsable émirati a indiqué que le contrat signé avec la partie française allait sans doute être annulé. Toutefois, l’explication donnée ne tenait pas trop la route : la raison aurait en effet été que les deux satellites vendus contiendraient des composants d’origine américaine « susceptibles de compromettre la sécurité des transmissions ». De quoi susciter quelques interrogations alors que, justement, les Emirats sont de très bons clients de l’industrie américaine…

En fait, le motif est tout autre. Il concerne bel et bien des composants électroniques fabriqués aux Etats-Unis qui, bien que non sensibles, figurent sur la liste ITAR, c’est à dire qu’ils sont soumis à une autorisation d’exportation délivrée par les autorités américaines. Et le problème est que Washington a tardé pour donner son feu vert aux industriels français. Juste ce qu’il faut pour que la date de validité du contrat signé en juillet soit caduque.

Selon le quotidien « Les Echos« , qui revient sur cette affaire dans son édition du 13 février, le dossier a été débloqué lors de la visite aux Etats-Unis du président Hollande. Mais trop tard… la validité du contrat signé en juillet ayant expiré. Et il faudra donc en signer un nouveau. A moins que le processus de sélection des satellites ne reparte de zéro.Toutefois, cette perspective d’un nouvel appel d’offres est improbable, souligne le journal économique. Mais Abu Dhabi pourrait en profiter pour obtenir de nouvelles concessions de la part de Paris sur ce dossier. Comme quoi, l’on a beau afficher une entente parfaite, les affaires sont les affaires.

Cet aspect du dossier a été évoqué par le Pdg de TAS, Jean-Loïc Galle, lors d’un séminaire sur les perspectives spatiales organisé à Paris, le 13 février. « Les industriels américains font du lobbying à Washington pour empêcher que les Européens, aujourd’hui leurs seuls concurrents, exportent ces produits à la place des fournisseurs américains », a-t-il dénoncé. « Nous ne sommes pas dans un problème de sécurité des Etats-Unis, nous sommes dans un problème de guerre commerciale », a-t-il ajouté.

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