Forte hausse des victimes civiles en Afghanistan

L’avenir de l’Afghanistan ne s’annonce pas sous les meilleurs auspices. Selon le dernier rapport de l’UNAMA, la mission des Nations unies présente dans le pays, le nombre de victimes civiles du conflit qui oppose la Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF), sous commandement de l’Otan, et les troupes afghanes à l’insurrection menée notamment par le mouvement taleb du mollah Omar, a augmenté de 14% en 2013 par rapport à l’année précédente.

Dans le détail, les combats ont fait 2.959 tués (+7%) et 5.656 blessés (+17%) parmi la population civile, d’après le rapport annuel de l’UNAMA, publié le 8 février. Environ 74% des victimes sont le fait d’opérations menées par les rebelles (un taux qui ne varie par selon les années). Les forces de sécurité afghanes et l’ISAF sont responsables respectivement de 12% et de 3% de ces pertes.

Le rapport épingle la police locale afghane (PLA), créée en 2012. Cetter dernière est accusée par la mission de l’ONU d’être à l’origine de « graves violations des droits de l’homme », et cela en « toute impunité » grâce à des soutiens de responsables politiques, tant au niveau local que national. Le nombre de victimes liées à la PLA (exécutions sommaires, représailles), a triplé en un an.

L’UNAMA s’inquiète par ailleurs de la hausse « alarmante » du nombre de victimes chez les femmes (+36%) et les enfants (+34%). « La triste réalité, c’est que la plupart des femmes et des enfants sont tués ou blessés dans leur vie quotidienne, chez eux, sur le chemin de l’école, lorsqu’ils travaillent dans les champs », a souligné Georgette Gagnon, une responsable de l’Unama chargée des droits de l’homme.

Les engins explosifs improvisés (IED), armes de prédilection des insurgés, ont fait 962 tués et 1.928 blessés (34%). Viennent ensuite les attentats suicides et les dommages collatéraux lors de combats au sol ou de frappes aériennes (dont le nombre a baissé de 10% en 2013).

« Cette hausse du nombre de civils tués ou blessés en 2013 va à rebours du déclin enregistré en 2012 », déplore l’Unama, qui souligne que le nombre de victime s’approche du « record » observé en 2011 (3.133).

Cela étant, la baisse constatée en 2012 – une première en 5 ans – pouvait s’expliquer par plusieurs facteurs. Les conditions météorologiques – l’hiver avait été particulièrement rigoureux, cette année-là, en Afganistan – compliquèrent les opérations des insurgés, lesquels étaient en outre minés par des tensions internes. En outre, il était apparu un changement de tactique de leur côté, ces derniers ayant commis davantage d’assassinats ciblés.

Cette hausse de victimes civiles est liée, selon l’UNAMA, au retrait progressif de l’ISAF, qui a transféré, en 2013, la responsabilité de la sécurité de presque la totalité du pays aux forces afghanes.

« La fermeture de bases militaires internationales et la réduction des opérations aériennes et terrestres de l’ISAF (…) ont donné aux forces antigouvernementales davantage de mobilité et de capacité dans certaines zones pour attaquer les forces afghanes, plus impliquées et exposées que les années précédentes », explique ainsi la mission des Nations unies. « Plus d’affrontements au sol implique plus de civils tués ou blessés (…) par des tirs croisés », a fait valoir Jan Kubis, son chef.

Désormais en première ligne, les forces de sécurité afghanes subissent de lourdes pertes (équivalentes en un an à celles subies par l’ISAF depuis son engagement en Afghanistan). Et cela pose bien évidemment la question de leur capacité à assurer leurs missions après le retrait, en décembre 2014, de la totalité des militaires de l’Otan (50.000 encore présents dans le pays).

Une nouvelle mission de l’Otan, appelée Resolute Support, pourrait prendre la suite de l’ISAF afin de continuer à apporter un soutien aux forces afghanes. Mais elle est actuellement suspendue au bon vouloir du président Karzaï, qui refuse pour le moment de ratifier un accord bilatéral de sécurité conclu avec Washington.

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