Nord-Mali : Des violences intercommunautaires ont fait au moins 30 tués

C’est un épisode tragique qui montre les tensions qui existent entre les différentes communautés présentes dans le nord du Mali. Ainsi, au moins 30 personnes ont été tuées, le 6 février, dans des violences intercommunautaires, à Tamkouat, localité située à près d’une centaine de kilomètres au nord de Gao.

Selon les autorités maliennes, une douzaine d’hommes armés auraient froidement abattu une trentaine de marchands ambulants à bord de deux véhicules. L’un a été brûlé, l’autre emporté par les assaillants. Le communiqué ne précise l’origine ni des auteurs de ce massacre, ni celle de leurs victimes.

Une délégation ministérielle, conduite par le général Sada Samaké, le ministre de la Sécurité, s’est rendue sur place. « Le gouvernement s’est engagé à faire toute la lumière sur ces assassinats et à traduire les présumés auteurs devant la justice », a indiqué ce dernier.

Quant à la mission des Nations unies au Mali (Minusma), elle a parlé de « graves incidents survenus (…) aux alentours de Tamkoutat » et « d’affrontements intercommunautaires », sans préciser toutefois les communautés impliquées. Les casques bleus dépêchés sur place ont constaté la mort de 24 personnes et trouvé 4 blessés, dont un grave. Tous ont été évacués vers l’hôpital de Gao. Des suspects auraient été également interpellés par les forces maliennes, a-t-elle indiqué, sans confirmer l’attaque d’une troisième véhicule, comme cela a été avancé par Bamako.

Des précisions ont été apportées par un élu de Gao, Oumar Maïga et un ancien député, Assarid Ag Imbarcouane. Selon les témoignages de ces deux hommes rapportés par l’AFP, les victimes appartiendraient à la communauté touareg. Toujours d’après eux, au moins 30 personnes ont été tuées lors d’une « expédition punitive » lancée par les Peuls pour « se venger de l’enlèvement de l’un des leurs ». Et l’ex-parlementaire d’ajouter : «  »Nos parents ont été tués froidement, au moins 30 sont morts ».

Cette version a été confirmée par une source placée au sein des services de sécurité maliens. Les Touaregs auraient effectivement été attaqués, alors qu’ils revenaient d’un marché à bord de deux véhicules, par des Peuls, en représailles d’un enlèvement ayant eu lieu 24 heures plus tôt.

Les Touaregs visés appartiennent à la tribu Imghad, dont les membres sont restés fidèles à Bamako, contrairement à ceux du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), dont l’offensive, lancée en janvier 2012 avec l’appui de groupes terroristes avait eu pour conséquence l’occupation du Nord-Mali par les jihadistes. Ce qui avait motivé le déclenchement de l’opération Serval, un an plus tard.

L’un des plus farouches adversaires du MNLA est d’ailleurs le colonal Alhaji Ag Gamou, issu de la tribu des Imghad. Cette dernière est considérée comme étant « moins noble » par celles des Ifoghas et de Chamanamasses, proches des indépendantistes touareg.

Les rivalités entre Touaregs et Peuls sont historiques, les uns accusant les autres de voler du bétail ou de mener des « rezzous ». Et vice versa. A cela s’ajoute des tensions politiques. Dans le cas présent, les Peuls ont la réputation d’avoir rejoint le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), l’un des trois groupes jihadistes ayant occupé le Nord-Mali.

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