L’US Air Force tentée de retirer du service son célèbre avion d’attaque A-10 Thunderbolt

Les difficultés budgétaires aux Etats-Unis compliquent, comme l’on peut s’en douter, la modernisation de l’US Air Force. Coincée entre le financement de l’avion de combat dit de 5e génération F-35 Lightning II, en cours de développement chez Lockheed-Martin, la nécessité de renouveler au plus tôt sa flotte de ravitailleurs C-135 par le KC-46 de Boeing et de préparer l’avenir avec notamment la mise au point d’un futur bombardier, elle doit faire des choix tout en composant avec la pression des parlementaires, qui, comme souvent par le passé, imposent des solutions qui ne satisfont que très rarement ses responsables.

Dans ces conditions, il n’y a pas 36 solutions pour faire des économies afin de pouvoir financer les programmes en cours. L’une d’entre elles consisterait à diminuer les effectifs (22.500 personnels seraient concernés en 2015), réduire les coûts de fonctionnement, retirer du service les avions les plus anciens ou ne correspondant plus aux besoins opérationnels tels qu’ils pourraient être à l’avenir.

L’an passé, l’avion d’attaque au sol A-10 Thunderbolt II (ou Warthog), avait été dans le collimateur des responsables de l’US Air Force. Le commandant de l’Air Combat Command, le général Mike Hostage, avait indiqué que ce type d’appareils pourrait être retiré du service actif plus tôt que prévu, en raison de son caractère « mono-mission ».

Imaginé pour « tuer » les chars du Pacte de Varsovie, l’A-10 avait été conçu autour du retoutable canon Gatling de 30 mm GAU-8 Avenger, capable de tirer jusqu’à 3.900 projectiles à la minute. La fin de la guerre froide aurait pu signifier sa fin. Il n’en a rien été. Mieux même : il a été costamment engagé dans les conflits ayant impliqué les Etats-Unis en raison de ses capacités en matière d’appui au sol.

Menacé, donc, en 2013, le Warthog avait dû son salut aux élus du Congrès, et particulièrement à Mme le sénateur Kelly Ayotte, dont l’époux est justement un pilote de cet appareil. Selon la loi votée à l’époque (Defense Authorization act, NDAA), il est donc interdit à l’US Air Force « de retirer, de se préparer à retirer ou de stocker » les A-10 encore en service lors de l’année fiscale en cours.

Seulement, quand chaque dollar compte, mieux vaut éviter les dépenses inutiles. Comme engager des frais sur un avion déjà ancien qui ne fait pas partie des plans futurs. C’est ainsi que l’Air Combat Command aurait annulé une modernisation de l’A-10 qui devait mettre à niveau son mode d’identification ami/ennemi ainsi que son avionique.

« Sans IFF Mode 5, les commandants sont peu susceptibles d’envoyer l’A-10 dans des zones contestées », a réagi Kelly Ayotte, dans un courrier adressé à l’ACC, le 27 janvier dernier. Et d’accuser l’US Air Force de violer la loi étant donné qu’elle n’a pas le droit de préparer le retrait des A-10 en 2014.

En attendant, l’US Air Force devrait demander la mise hors service du Warthog à l’occasion des discussions qui porteront sur son prochain budget. Comme l’a déjà fait valoir le général Hostage, l’aviation américaine ne perdrait pas la capacité d’appui au sol dans la mesure où d’autres appareils peuvent s’acquitter de cette mission. D’autres appareils sont d’ailleurs concernés par un éventuel retrait, dont les avions KC-10 et MC-12 (ndlr, une plateforme de surveillance ISR conçue par Beechcraft).

Reste qu’entre les souhaits et ce qu’il sera effectivement décidé par le Congrès, il y a parfois un monde… Cela a été le cas pour ce qui concerne le retrait de l’A-10 (et cela risque de l’être encore une fois) mais aussi pour le drone HALE (haute altitude longue endurance) RQ-4 Global Hawk dont les responsables de l’Air Force ne veulent pas car ils préférent garder l’avion U2 mais qui leur est quand même imposé par les parlementaires.

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