L’Allemagne pourrait vendre 100 patrouilleurs à l’Arabie Saoudite et 2 autres sous-marin à l’Egypte

En août 2012, le commandant en chef de la marine égyptienne, l’amiral Oussama el-Gindi, avait indiqué, dans les colonnes du quotidien Al-Ahram, que son pays allait acquérir auprès de l’Allemagne, pour 920 millions d’euros, deux sous-marins de type 209, construits par le groupe naval ThyssenKrupp Marine Systems.

Jusqu’alors, le secret avait été bien gardé, la décision d’autoriser cette transactation ayant été prise par le Conseil fédéral de sécurité du gouvernement allemand en novembre 2011, alors même que l’Egypte connaissait une période troublée et incertaine (et c’est le cas encore aujourd’hui).

Bien évidemment, cela n’avait guère réjoui le gouvernement israélien, qui fit pression sur Berlin pour tenter d’annuler cette commande. En réponse, un porte-parole du gouvernement allemand avança qu’il « n’y avait aucun changement » dans « l’engagement » de l’Allemagne « envers la sécurité d’Israël ».

Car, normalement, Berlin doit se garder de vendre des équipements militaires susceptibles de porter atteinte à la sécurité de l’Etat hébreu, auquel TKMS a par ailleurs vendu, à des conditions très avantageuses, 4 sous-marin de la classe Dolphin. Et, s’agissant de la commande égyptienne portant sur les 2 U-209, le ministre allemand de la Défense, qui était à l’époque Thomas de Maizière, avait affirmé, lors d’un entretien accordé au Frankfurter Rundschau qu' »aucun pays au monde ne possède un droit de véto sur les décisions du gouvernement fédéral ».

Alors que le premier sous-marin destiné à la marine égyptienne et armé de missiles mer-mer Harpoon Block II devrait être livré en 2016, Le Caire aurait passé une nouvelle commande pour deux exemplaires supplémentaires, selon La Tribune et The Local. Une source « proche du dossier » a fait valoir auprès du journal allemand que « deux bâtiments ne suffisent pas pour avoir une patrouille permanente en mer. Avec 4, il y en a en entretien, un autre utilisé pour la formation, un troisième prêt à plonger et le dernier en mer ».

Nul doute que si cette information est confirmée, elle va susciter une nouvelle polémique outre-Rhin… Mais aussi en Israël, où la chancelière, Angela Merkel, doit se rendre ce mois-ci.

Outre les sous-marins destinés à l’Egypte, l’Allemagne aurait également décroché un contrat de 1,4 milliards d’euros en Arabie Saoudite. D’après Der Spiegel, il s’agit de fournir à Riyad 100 patrouilleurs côtiers. « L’information provient d’une lettre classée d’un haut fonctionnaire du ministère des Finances au comité budgétaire du parlement allemand », précise l’hebdomadaire. Dans le courrier en question, il est souligné la « grande importance » de ce contrat « en termes d’emploi et d’économie » pour le chantier naval Lürssenn établi à Brême.

Là encore, et jusqu’à récemment, l’Allemagne s’était gardée de vendre des équipements militaires à l’Arabie Saoudite, toujours en raison de son engagement à ne pas mettre en péril la sécurité d’Israël. Un premier verrou avait sauté en 2011, avec l’intention de Berlin de vendre au royaume saoudien une centaine de chars Leopard 2A6, alors que Riyad venait de prendre part à la répression de manifestations chiites à Bahreïn.

Reste que en se démarquant des restrictions qu’elle s’était jusqu’à présent imposée, l’Allemagne a augmenté ses exportations d’armement et, par conséquent, ses parts de marché. Ce que le nouveau ministre finances, le social-démocrate Sigmar Gabriel, a dénoncé la semaine passée, lors d’un entretien accordé à l’hebdomadaire Stern.

« C’est une honte que l’Allemagne soit parmi les plus importants exportateurs d’armes du monde. En particulier, les armes légères deviennent simplement les armes de la guerre civile. Alors les choses doivent changer. C’est pourquoi, je suis en faveur d’une politique restrictive en ce qui concerne les exportations d’armes », a-t-il expliqué.

Et quand il s’agit de contrat de plusieurs centaines de millions d’euros? Là, le même est moins catégorique. Le 3 février, Sigmar Gabriel a en effet défendu le contrat avec l’Arabie Saoudite, en affirmant que les patrouilleurs « ne pourraient pas être utilisés par le régime contre son propre peuple ».

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