La Chine et la Russie ont fait grimper les dépenses militaires mondiales en 2013

Le premier trimestre est la saison des études portant sur les dépenses militaires publiés par divers instituts et autres centres de recherche. Le problème est qu’il est compliqué de s’y retrouver, chacun ayant sa propre méthodologie ou des périodes d’observation différentes.

Ainsi, la semaine passée, le Stockholm International Peace Research Institute (SIPRI) a publié un rapport faisant état d’une baisse de 4,2% en termes réels des ventes d’armes et des services à caractère militaire constatée en 2012, en se basant sur les résulats des 100 premiers industriels du secteur. Ce qui créé un léger décalage avec celle éditée par le cabitet IHS Jane’s, qui, elle, porte sur les budgets militaires de 77 pays tels qu’ils ont été exécutés l’année dernière.

Ainsi, pour IHS Jane’s, les dépenses militaires mondiales sont reparties à la hausse, en 2013, après 4 années de baisse consécutives, pour s’établir à un peu de plus de 1.100 milliards d’euros (contre 1.200 milliards en 2009).

Comme l’on peut s’en douter, quand l’on suit de près les questions de défense, cette augmentation des dépenses militaires au niveau mondial n’est pas le fait des pays européens et des Etats-Unis (toujours en tête avec 430 milliards d’euros en 2013, soit -1,5% de baisse), où les budgets se réduisent d’année en année (sauf à de rares exceptions près sur le Vieux Continent) mais de la Chine, de la Russie et des monarchie du golfe arabo-persique.

Au Moyen Orient, l’on trouve 4 des 5 pays où les depenses militaires ont augmenté le plus rapidement au cours des dernières années, comme par exemple l’Arabie Saoudite, qui a triplé son effort de défense en 10 ans ou encore le sultanat d’Oman, qui a fait progresser le sien de 115% entre 2011 et 2013.

Comme attendu, eu égard au plan de réarmement décidé par le président Poutine, la Moscou a augmenté ses dépenses militaires de 44% en 3 ans et devrait consacrer près de 72,4 milliards d’euros par an à ses forces armées d’ici 2016, contre actuellement environ 51 milliards, ce qui place déjà la Russie devant le Royaume-Uni, le Japon et la France (pour laquelle IHS Janes avance un budget de 39 milliards d’euros accusant une baisse de 0,6%, pensions comprises). A noter, par ailleurs, les exportations d’armes russes se portent très bien, étant donné qu’elles ont atteint un niveau record en 2012.

Quant à la Chine, l’estimation des dépenses militaires réelles est plus délicates, dans la mesure où l’on entretient une certaine opacité, à Pékin, sur ce sujet. Officiellement, leur montant est de 88,8 milliards d’euros (115 milliards de dollars). Mais pour IHS Jane’s, il faudrait compter une douzaine de milliards d’euros de plus (exactement 102 milliards). Et d’estimer que le budget chinois sera équivalent, dès 2014, à ceux du Royaume-Uni, de la France et de l’Allemagne réunis, puis à ceux de toute l’Europe occidentale d’ici 10 ans.

Bien évidemment, cet effort de la Chine en faveur de ses forces armées iqnuiète ses voisins, sur fond de différends territoriaux. Il explique pour une grande partie la course aux armements que l’on observe en Asie du Sud-Est depuis quelques années maintenant, au point que cette région du monde représentera 24 à 28 % ( 350 milliards  d’euros) des dépenses militaires d’ici la fin de cette décennie.

Cela étant, cet investissement massif réalisé au profit des forces armées chinoises est à relativiser quelque peu. Certes, de nouveaux équipements sont en cours de développement (avions dits de 5e génération J-20 et J-31, drone de combat furtif, planneur supersonique, etc) ou viennent d’être mis en service (porte-avions Liaoning). Certes, Pékin prévoit de doper ses forces navales, réforme ses structures militaires pour gagner en efficacité. Mais il n’en reste pas moins que l’armée populaire de libération (APL) présente quelques faiblesses, lesquelles font qu’elle est beaucoup moins performante que laisse suggérer les ressources qui lui sont attribuées.

Comme par exemple la corruption… Illustrée, le mois dernier, par le cas du chef adjoint de la logistique des forces armées chinoises, le général Gu Blanch, lequel s’est fait prendre la main dans le sac, après la découverte de son train de vie digne d’un nabab (propriétaire de 10 appartements à Pékin et d’une villa avec robinets en or et tout le reste…).

Moins anecdotique, l’armée chinoise est beaucoup moins performante que laisse suggérer ses dépenses militaires, au point quun analyste militaire de l’institut projet 2049, basé à Arlington, en Virginie, a estimé, le mois dernier, qu’elle ne serait pas en mesure d’attaquer Taïwan. La principale cause serait le manque d’expérience au combat de l’APL. Une autre raison tiendrait aux performances de ses équipements. La polémique sur celles de l’avion embarqué J-15 « Flying Shark », qui tiendrait plus du « poisson volant » que du « requin volant », selon ses détracteurs, en est l’illustration.

Reste que, selon Paul Burton, le directeur de l’étude d’IHS Jane, « avec des budgets militaires qui vont continuer à se contracter parmis les principaux pays de l’Otan au cours des 12 prochains moins, le centre de gravité des dépenses en matière de défense va se déplacer au sud et l’est en 2014, suivant la tendance de l’expansion économique mondiale ». Sauf, si, la crise monétaire qui frappe actuellement les pays émergents se poursuit…

Dans un entretien à la BBC, le secrétaire général de l’Otan, Anders Fogh Rasmussen, a toutefois part de ses préoccupations. « Lordque les gouvernements sont contraints de réduire les déficits et de faire des coupes, il est difficile de dire que la défense devrait en être exemptée », a-t-il affirmé. Le problème, a-t-il poursuivi, est que, compte tenu que « d’autres puissances investissent de plus en plus pour leurs armées, cela signifie que nous aurons moins d’influence sur la scène internationale et que le vide sera comblé par d’autres pouvoirs qui ne partagent pas nécessairement nos intérêts et nos valeurs ». Ite messa est.

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