La bataille judiciaire autour du programme A-12 Avenger (enfin) terminée

Il y a des affaires qui durent longtemps. Très longtemps même. Comme celle de l’arrêt du projet visant à développer un bombardier furtif appelé A-12 Avenger, destiné à remplacer les A-6 Intruder de l’aéronavale américaine et l’US Marine Corps ainsi que les F-111 Aardvark de l’US Air Force dans le courant des années 1990.

Ce programme avait été confié en 1988 à McDonnell Douglas (racheté depuis par Boeing) et General Dynamics. L’idée était alors de concevoir un appareil ayant la forme d’une aile volante dotées de 2 turboréacteurs F412-GE-D5F2 et capable d’emporter toute une variété de munitions en soute (missiles  AGM-88 HARM anti-radar, bombes guidées, etc…).

Seulement, l’A-12 Avenger II, surnommé « The Flying Dorito » en raison de sa forme, fut brutalement annulé, en 1991, par le Pentagone lequel demanda aux industriels de lui rembourser 1,3 milliard de dollars. Cette décision avait été motivée par le dérapage financier du programme : le coût unitaire de l’appareil ayant été fixé au départ à 100 millions de dollars, il avait alors augmenté de 65%.

Pour General Dynamics et McDonnell Douglas, il n’était pas question de rembourser quoi que ce soit. Pour les deux industriels, la décision du Pentagone était injuste dans la mesure où ils n’avaient pas pu avoir accès à des données confidentielles concernant des technologies sensibles, comme celles ayant trait au chasseur bombardier furtif F-117 NightHawk. Ce qui avait, selon eux, fait grimper les frais de recherche et de développement, et donc, le coût du programme. Aussi, ils demandèrent à leur tour 1,2 milliard de dommages et intérêts pour rupture abusive du contrat. D’où la bataille juridique, ponctuée de procédures diverses et variées qui aura donc duré 23 ans.

Car désormais, l’affaire est close. En 2011, la Cour suprême des Etats-Unis avait cependant rendu un jugement de Salomon et renvoyé le dossier devant la Cour fédérale des réclamations. Finalement, un terrain d’entente a pu être trouvé, le 24 janvier, entre les deux parties.

Ainsi, les industriels ne demanderont pas de dommages et intérêts au Pentagone. Même chose pour ce dernier, qui devra ainsi se contenter d’une ristourne de 200 millions de dollars sur le prochain destroyer de la classe Zumwalt USS Lyndon B. Johnson, actuellement en cours de construction, et de 3 EA-18G Growler, pour un montant total, là encore, de 200 millions.

« Boeing est heureux que ce litige vieux de plusieurs décennies ait pris fin », a déclaré John Dern, un porte-parole de Boeing. « Nous apprécions les efforts de la Marine et du ministère de la Justice pour résoudre cette question, une fois pour toutes, à des conditions acceptables pour toutes les parties », a-t-il ajouté. Fin de l’histoire.

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