Les ventes d’armes et les services à caractère militaire ont de nouveau baissé en 2012

Pour expliquer la baisse de 25% des exportations réalisées en 2012 par l’industrie française de défense, le délégué général à l’armement (DGA), Laurent Collet-Billon, avait avancé, l’an passé, l’activisme des industriels américains, contraints de trouver de nouveaux débouchés pour compenser les restrictions budgétaires affectant le Pentagone et la concurrence de pays ayant atteint un seuil technologique tout en restant très compétitifs.

Une troisième explication peut être donnée : la baisse de 4,2% en termes réels des ventes d’armes et des services à caractère militaire constatée en 2012 par le Stockholm International Peace Research Institute (SIPRI). Il s’agit de la deuxième année consécutive où ce recul est observé.

Pour son étude, le SIPRI s’est penché sur les ventes effectuées par les 100 plus importantes entreprises du secteur. Ces dernières ont enregistré un chiffre d’affaires global de 395 milliards de dollars.

En 2012, les industriels de l’armement américains et européens ont vu leurs ventes baisser sous l’effet de la dimunition des budgets militaires aux Etats-Unis et sur le Vieux Continent.

« Les ventes des 42 producteurs d’armements basés aux États-Unis ont représenté 58% du total des ventes des entreprises du Top 100, et celles des 30 entreprises basées en Europe occidentale, 28 %. Bien que l’ensemble de ces entreprises totalisent toujours près de 87 % du total des ventes, la baisse des ventes dans ces régions traditionnellement productrices d’armements fait écho à la baisse des dépenses militaires, clairement amorcée en 2011 », souligne ainsi l’étude du Sipri.

Pour le cas particulier des Etats-Unis, la fin de l’engagement en Irak et l’amorce du retrait en Afghanistan expliquent également la baisse du chiffre d’affaires des industriels de l’armement d’outre-Atlantique. Ainsi, KBR, spécialisé dans le soutien logistique aux forces américaines engagées sur ces deux théâtres a vu ses ventes chuter de 60%.

« L’industrie d’armement américaine a quelque peu reculé depuis les sommets atteints avant la loi sur le contrôle budgétaire (Budget Control Act), lorsque les États-Unis étaient encore engagés dans deux guerres. Cependant, elle continue de jouir de ventes et de profits à des niveaux historiquement très élevés », a toutefois relativé le Dr Perlo-Freeman, directeur du programme Dépenses militaires et production d’armements du SIPRI.

Le fait : sur les 10 premières entreprises du Top 100, 7 sont américaines (la première étant Lockheed-Martin, suivie par Boeing). Le premier groupe européen est BAE Systems (3e), suivi par Airbus Defense & Space (7e) et Finmeccanica (9e). Les français Thales et Safran se classent respectivement 11e et 15e.

Cependant, si les ventes des groupes européens et américains sont orientées à la baisse, ce n’est pas le cas de ceux des pays émergents. Leur part a augmenté de « 13,5% depuis 2005 et a atteint son plus haut niveau jamais enregistré dans l’histoire du Top 100 ». Et encore, ce classement ne prend pas en compte les résultats des entreprises chinoises, par manque de données fiables.

La Russie a particulièrement tiré son épinque du jeu en 2012. Rien de surprenant à cela étant donné que les exportations d’armes russes ont atteint le niveau record de 11,4 milliards d’euros cette année-là. En outre, les industriels russes bénéficient du plan de réarmement doté de 700 milliards de dollars pour la période 2011-2020. Au total, leurs ventes ont progressé de 28%.

« L’industrie d’armement russe réémerge progressivement des ruines de l’industrie soviétique », a souligné le Dr Perlo-Freeman. Cependant, « l’industrie est toujours en proie à un équipement désuet, une organisation inefficace et une corruption généralisée, qui continueront de limiter la capacité de la Russie à une concurrence technologique avec l’Occident », a-t-il estimé. En attendant, les bons résultats sont là.

Outre les industriels russes, ceux établis en Corée du Sud ont affiché de belles performances en 2012, avec une augmentation réelle de 4,2% des ventes d’armes pour ceux figurant dans le Top 100 du SIPRI. Le total des ventes des groupes sud-coréens a « plus que doubné en termes réels depuis 2002 », note l’institut suédois.

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