Les responsables politiques et militaires tchadiens déçus du manque de reconnaissance de la part de la France

Le Tchad occupe une place prépondérante pour les opérations actuellement menées par la France au Mali et en Centrafrique. La base de Koseï, à N’Djamena, est ainsi une plaque tournante pour les missions aériennes réalisées par l’armée de l’Air et l’aéronautique navale au-dessus de ces deux théâtres extérieurs. Ce que n’a pas manqué de souligner le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, lors d’une visite aux Elements français du Tchad (force Epervier), au début de cette année.

Qui plus est, que ce soit au Mali comme en Centrafrique, les troupes françaises agissent en coordination avec leurs homologues tchadiennes. Lors de l’opération Serval, l’appui fourni par ces dernières s’est révélé crucial lors des combats menés dans l’Adrar des Ifoghas, au cours desquels elles ont perdu 36 soldats.

Seulement, le sentiment chez les responsables politiques et militaires tchadiens est que ces efforts n’ont pas été suffisamment reconnus par la communauté internationale, en particulier par Paris. Le Tchad espérait obtenir le commandement de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA)… Finalement, il est revenu à un général rwandais Jean-Bosco Kazura.

Récemment en visite à N’Djamena, Mme le président de la commission de la Défense à l’Assemblée nationale, Patricia Adam, et le député Christophe Guilloteau ont ainsi pu sonder l’état d’esprit des officiels tchadiens.

« Nos entretiens nous ont permis de déceler chez les responsables politiques et militaires une certaine amertume : ils estiment que la France ne leur a pas apporté de marques de reconnaissance à la hauteur de leur engagement (…) et de leurs sacrifices financiers comme humains », a ainsi affirmé Patricia Adam, le 22 janvier dernier, lors d’une séance de la commission de la Défense.

« Notamment, une plus grande place faite aux Tchadiens lors du dernier défilé du 14-juillet, entre autres, aurait évité cette amertume », a-t-elle ajouté, en insistant sur le fait d’avoir ressenti un « véritable besoin de reconnaissance, auquel nous devrons être vigilants dans les années qui viennent ».

Même chose pour Christophe Guilloteau. « Ce déplacement (…) nous a aussi permis de mesurer combien la classe politique a l’impression que les Français ont tendance à négliger, si c’est à oublier, le rôle important qu’a eu le Tchad à nos côtés, notamment au Mali », a-t-il affirmé.

« L’épisode du 14-juillet en est le révélateur : les Tchadiens sont attachés à la France, mais souhaitent que leur action soit davantage reconnue par elle, et ce d’autant qu’ils conserveront dans les années à venir un rôle essentiel dans la sécurisation de la bande sahélo-saharienne », a-t-il poursuivi.

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