Le Front al-Nosra au Liban menace le Hezbollah

L’on savait que les Brigades Abdallah Azzam, du nom du mentor d’Oussama Ben Laden, l’ex-chef d’al-Qaïda, étaient actives au Liban. En novembre, elles avaient revendiqué un double attentat suicide commis contre l’ambassade d’Iran à Beyrouth. Et même si leur chef, Majid bin Muhammad al Majid, interpellé à la fin de l’année dernière par les services de renseignement de l’armée libanaise, est mort en détention, elles n’ont pas l’intention de renoncer à leurs attaques.

Dans un communiqué récemment diffusé, elles ont affirmé que le « projet d’al-Majid « va continuer, si Dieu le veut, en frappant l’Iran, son parti (ndlr, le Hezbollah, la milice chiite libanaise) et les agresseurs juifs (ndlr, comprendre, Israël) et en défendant partout les sunnites opprimés ».

Une autre organisation jihadiste est également active au pays du Cèdre : le Front al-Nosra au Liban. Un autre groupe, clairement lié à al-Qaïda porte le même nom en Syrie. Les relations entre les deux ne sont pas claires mais il se pourrait que le premier soit une filiale du second.

Ainsi, cette semaine, le Front al-Nosra au Liban a revendiqué un attentat suicide à la voiture piégée, commis dans le secteur d’al-Arid, une rue commerçante très fréquentée du quartier de Haret Hreik, dominé par le Hezbollah, la milice chiite libanaise engagée aux côtés des forces loyales au président syrien, Bachar el-Assad. Cette attaque a fait 4 morts et une trentaine de blessés.

Le 16 janvier dernier, la même organisation avait aussi revendiqué un attentat contre le Hezbollah, commis cette fois à Hermel, dans la plaine de la Bekaa, au Liban. Visiblement, le Front al-Nosra au Liban entend intensifier ses actions contre la milice chiite au cours des prochains jours.

« Le parti de l’Iran (ndlr, le Hezbollah), ses sièges et ses bases militaires et de sécurité sont une cible légitime pour nous, où qu’ils soient », a ainsi fait valoir le groupe jihadiste, via son compte Twitter. Et d’affirmer son intention de « protéger les sunnites du Liban » et d’appeler ces derniers à « ne pas s’approcher ou s’installer dans des régions liées au Hezbollah ou proches de ses sièges et d’éviter les rassemblements du parti chiite ».

Un haut responsable du renseignement israélien, cité par l’agence Associated Press, a fait part, le 24 janvier, d’une « augmentation marquée du nombre de combattants liés au réseau terroriste al-Qaïda ayant joint les combats contre le président Bachar el-Assad » qui « menace de s’étendre au-delà des frontière » et « incite le gouvernement israélien à réévaluer sa politique de neutralité dans la guerre civiles voisine ».

Ce responsable a ainsi avancé que 30.000 combattants possiblement liés à al-Qaïda sont actuellement actifs en Syrie. Cette estimation paraît toutefois surévaluée… A moins que, dans le lot, les militants appartenant à d’autre groupes armés « islamistes » soient comptés. Cela étant, il n’a pas précisé sur quels éléments étaient basé ce bilan.

Quoi qu’il en soit, des groupes jihadistes liés de près ou de loin au conflit en Syrie sont donc aussi présents au Liban, où deux cas récents de tirs de roquettes contre Israël ont récemment été constatés et attribués à cette mouvance. Il est possible que ces actions aient été menées dans le but de provoquer des frappes israéliennes dans le sud du Liban, où le Hezbollah et très présent (et aussi les casques bleus de la FINUL).

Par ailleurs, le bilan des affrontements entre les groupes composés de jihadistes internationaux (Front al-Nosra, l’Etat islamique en Irak et au Levant) et les milices rebelles islamistes syriennes ont fait près de 1.400 tués depuis le 3 janvier.

Excédé par la volonté hégémonique des groupes jihadistes, le Front islamique syrien s’est retourné contre l’EIIL dans les zones contrôlés par la rébellion, dans le nord de la Syrie, l’accusant de faire le jeu du président Bachar el-Assad.

Une affirmation qui est sans doute fondée, si l’on en croit les révélations du quotidien britannique « The Daily Telegraph », qui, citant une source du renseignement, a affirmé que le régime de Damas mène un « double jeu complexe », en soutenant ponctuellement les groupes jihadistes présents en Syrie, en leur accordant des crédits et en libérant des militants qui sont allés grossir leur rang. Ainsi, cela a eu pour effet de discréditer l’opposition syrienne.

Le président Bachar el-Assad a toujours joué ce petit jeu avec les gens d’al-Qaïda. Il suffit de se pencher sur son rôle dans la montée en puissance du jordanien Ayman al-Zarkaoui ainsi que sa relative bienveillance à l’égard des jihadistes lors de l’intervention américaine en Irak. Ce soutien s’était ensuite amoindri avec la multiplication des attaques contre les chiites irakiens.

Quoi qu’il en soit, ces combats entre groupes islamistes syriens et jihadistes ne sont pas du goût d’Ayman al-Zawahiri, le chef d’al-Qaïda « canal historique ». Ce dernier a exhorté, dans un message diffusé le 23 janvier, ses troupes à « cesser immédiatement leurs combats fratricides en Syrie ». Pour le moment, cet appel n’a a priori pas eu d’effet.

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