Pour le ministre italien de la Défense, l’immigration illégale est aussi une question de sécurité

Chaque année, des milliers de migrants tentent de traverser la Méditerranée dans l’espoir d’avoir une vie meilleur en Europe. Généralement, ceux qui arrivent à passer arrivent sur l’île italienne de Lampedusa. Car tous ne réussissent pas cette traversée : entassés sur des embarcations de fortune, beaucoup meurent noyés. Cela a été le cas pour une centaine d’entre eux, l’an passé. Ce qui a conduit la marine italienne a intensifié le rythme de ses patrouilles afin d’éviter, dans la mesure du possible, de tels drames humains.

Mais ce phénomène, qui s’accentue d’année en année, avec les situations troublées dans le monde arabe et la corne de l’Afrique, ne se résume pas un simple problème d’immigration illégale. C’est ce qu’a affirmé le ministre italien de la Défense, Mario Mauro, à l’occasion d’une rencontre avec Chuck Hagel, son homologue américain, la semaine passée.

« Les gouvernements européens et l’opinion publique considèrent cela comme un problème d’immigration illégale. Ce n’est pas ma vision », a-t-il dit. Et pour cause : selon lui, il s’agit aussi d’un problème de « sécurité internationale ». Et d’en expliquer la raison.

Ainsi, les candidats à l’émigration, s’ils veulent traverser la Méditerranée, doivent débourser 3.000 dollars pour financer leur voyage auprès de passeurs, généralement liés à des organisations criminelles, qui, elles-mêmes, entretiennent parfois des relations avec des groupes jihadistes, présents en Libye, en Syrie et en Somalie.

Ces trafiquants utilisent des bateaux-mères qui remorquent des embarcations de dimensions plus réduites, à bord desquelles prennent place des centaines de migrants. Ces dernières sont ensuite « lâchées » à environ 200 km des côtes italiennes. D’après Mario Mauro, un sous-marin de la Marina militare a pu répérer de manège, ce qui aurait permis aux forces spéciales italiennes d’intervenir et d’arrêter des passeurs.

Quant aux liens avec les groupes jihadistes, le ministre italien a expliqué qu’il est « difficile de faire la différence entre les groupes criminels et terroristes impliqués dans ce genre de trafic », notamment en Libye, point de départ de nombreux migrants.

En Libye, a-t-il expliqué, « il y a 28 brigades qui se disent jihadistes mais qui souvent ont des activités criminelles. Au sud de la frontière libyenne, c’est le règne du chaos, avec des milliers de terroristes », a-t-il ajouté.

En outre, il n’est pas impossible non plus que des terroristes puissent entrer illégalement en Europe par le même chemin emprunté par les migrants africains. « J’étais au Kosovo quand j’ai appris que quelques 500 Kosovars (ndlr, le chiffre paraît tout de même très élevé) qui avait été impiqués dans le conflit syrien étaient rentrés chez eux. Comment pouvons nous savoir si ils n’ont pas pris ces bateaux? », a demandé Mario Mauro

« Lampedusa est la frontière de l’Europe, et pas seulement de l’Italie », a-t-il estimé. « Nous sommes convaincus que l’Europe doit faire plus pour garantir la sécurité en Méditerranée », a-t-il poursuivi.

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