Le président malien annonce une loi de programmation militaire

En 2012, les forces armées maliennes (FAMA), sous-équipées,  furent dépassées par les évènements lors de l’offensive des combattants indépendantistes touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), alors allié à au moins trois groupes jihadistes, dont le Mujao (Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest), Ansar Dine et al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI).

Et cela, malgré l’investissement du Pentagone dans la région pour apporter un soutien aux armées sahéliennes en matière de lutte contre le terrorisme (initiative Pan Sahel en 2002, puis « partenariat trans-Sahara pour l’anti-terrorisme, TSCP, à partir de 2005), via l’organisation des exercices Flintlock, dont l’édition 2012 aurait dû avoir lieu au Mali.

L’on connaît la suite… Le MNLA fut écarté sans ménagement du Nord-Mali à partir du printemps 2012 et la région tomba sous l’emprise des groupes jihadistes, dont l’ambition de marcher vers Bamako fut arrêtée par l’opération Serval, lancée par la France le 11 janvier 2013. La faiblesse de l’armée malienne fut à l’origine d’un coup d’Etat mené par le capitaine Sanogo (aujourd’hui général en prison), ce qui compliqua davantage la situation.

Maintenant que le Mali a recouvré son intégrité territoriale (encore que… il reste toutefois à régler la situation à Kidal, bastion du MNLA) et que des élections lui ont donné un pouvoir légitime, et cela grâce à l’opération Serval et aux troupes de la Minusma, la mission des Nations unies dont les effectifs sont pour une large part, issus de la Misma (Mission internationale de soutien au Mali) lancée par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) et le Tchad, l’heure est à la reconstruction des capacités militaires maliennes.

Aidé en cela par l’EUTM Mali, la mission de l’Union européenne chargée de former les soldats maliens, Bamako va lancer un processus de restructuration de ses forces armées sur une période de 5 ans, via une loi de programmation militaire. L’annonce en a été faite par le président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), la veille du défilé marquant, le 20 janvier, le 53e anniversaire des FAMA, lors d’une allocution télévisée.

Le « début de mise en œuvre (de la loi) permettra de consacrer la montée en puissance de notre outil de défense sur les cinq prochaines année », a ainsi expliqué le président malien. « La réforme structurelle est en œuvre. Je veillerai personnellement à sa conduite », a-t-il poursuivi. « Au moment où je vous parle, notre outil de défense nationale est en cours de réhabilitation », a-t-il aussi ajouté, présicant que, « à l’initiative des autorités maliennes, le Mali et la France discutent présentement d’un éventuel accord de coopération militaire ».

Justement, la venue à Bamako du ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, pour le 53e anniversaire des FAMA, aurait pu être occasion de signer l’accord évoqué par le président malien. Or, il n’en est rien été puisqu’il a été reporté à une date ultérieure, sans explications officielles.

Quant au contenu de ce texte, une source diplomatique française a confié à Jeune Afrique qu’il vise « simplement à toiletter le précédent accord » et à « revoir notre collaboration en matière de défense à l’aune du nouveau contexte sécuritaire au Mali ». A priori, il n’est question d’y établir une base militaire permanente, les « points d’appui militaire actuels à Gao et Tessalit » n’ayant « pas de date de péremption ».

« Les accords de coopération militaire, en discussion ou à venir, ne tiendront compte que de l’intérêt du Mali, de tous les intérêts du Mali et des Maliens, tout en renforçant nos capacités et celles de nos partenaires à faire face à l’insécurité structurelle de l’espace sahélo-saharien », a, de son côté, fait valoir le président Keïta, en réponse aux éventuelles critiques parlant de « recolonisation » rampante.

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