Kaboul suspecte des services étrangers d’être derrière l’attaque ayant visé un restaurant fréquenté par des expatriés

Le 17 janvier, le restaurant « La Taverne du Liban », qui, situé dans le centre-ville de Kaboul, est prisé par les expatriés travaillant en Afghanistan, a été la cible d’une attentat qui a fait  21 tués. Il s’agit de l’attaque la plus meurtrière commise contre des ressortissants étrangers depuis 2011…

Le mode opératoire des assaillants a consisté à envoyer un kamikaze se faire exploser devant les portes blindées du restaurant. Une fois la brèche ouverte et profitant de la confusion provoquée par l’explosion et de l’effet de surprise, des hommes armés ont ouvert le feu sur les clients, avant d’être eux-mêmes neutralisés par les forces spéciales afghanes.

Cette attaque a, plus tard, été revendiquée par le mouvement taleb, lequel a indiqué, qu’il s’agissait d’une réponse à une opération de la Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF) ayant visé un responsable du réseau Haqqani, par ailleurs gouverneur fantôme de la province de Parwan, deux jours plus tôt. Un délai qui semble court pour planifier une telle opération dans le centre de la capitale afghane…

Aussi, le Conseil de sécurité nationale afghan (NSC), dirigé par le président Hamid Karzaï, « de telles attaques aussi complexes et sophistiquées ne peuvent être seulement l’oeuvre des talibans ». Et d’estimer, dans un communiqué, qu’il « ne faisait aucun doute que des services de renseignement étrangers (…) sont derrière ».

Bien évidemment, aucun service étranger n’a été cité. Mais, par le passé, l’Inter Service Intelligence (ISI) pakistanais a été à plusieurs reprises montré du doigt, tant par les autorités afghanes que par le Pentagone, en particulier après que des intérêts indiens ont été pris pour cible en Afghanistan. Ce qui est déjà arrivé maintes fois au cours de ces dernières années.

Et comme Islamabad et New Delhi ne sont pas les meilleurs amis du monde et que le soutien apporté par le Pakistan au taliban, en 1996, avait pour but de se ménager une certaine profondeur stratégique dans le cas d’un éventuel conflit avec l’Inde, il y a effectivement des raison à avoir quelques sérieux soupçons. En 2011, l’amiral américain Mike Mullen, alors chef d’état-major interarmées, avait même parlé d’une « guerre par procuration » menée en Afghanistan par l’ISI, soupçonné d’appuyer des groupes jihadistes, comme le réseau Haqqani, le mouvement talen afghan ou encore le Lashkar-e-Taïba.

Mais, généralement, quand les taliban ne sont pas impliqués dans un attentat, ils le disent. Cela avait été d’ailleurs le cas en août dernier, après une attaque suicide ayant visé le consulat indien de Jalalabad (8 tués). S’il est plus porté à exagérer le bilan de ses actions, le mouvement taleb ne s’approprie pas celles commises par d’autres. En outre, la cible était un restaurant fréquenté par des clients étrangers, et pas seulement Indiens.

Aussi, il reste la question à laquelle les autorités afghanes doivent trouver une réponse : comment les assaillants ont pu s’infiltrer dans le centre-ville de Kaboul et passer, sans être inquiétés, les check-points et autres barrages qui quadrillent la capitale afghane. Une enquête a été ouverte pour éclaircir ce point précis.

En attendant, trois responsables de la police afghane, chargés de la sécurité où s’est produit l’attentat contre le restaurant libanais, ont été suspendus, d’après le porte-parole du ministère afghan de l’Intérieur. « Ils seront interrogés pour savoir comment cette attaque a pu arriver », a-t-il indiqué. « Il n’est pas impossible qu’il y ait eu des manquements, mais nous devons attendre le résultat de l’enquête. Si des erreurs ont été commises, nous en ferons en sorte qu’elles ne se reproduisent pas », a-t-il ajouté.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]