Le travail de la NSA rendu un peu plus compliqué par le président Obama

En divulguant à la presse des informations confidentielles concernant le renseignement américain, Edward Snowden, l’ex-consultant de la National Security Agency (NSA) aujourd’hui réfugié en Russie, a mis l’administration Obama dans l’embarras. Qui plus est, ces révélations ont souvent été mal comprises par beaucoup, ce qui ne facilite pas le débat. Loin s’en faut.

« La façon sensationnelle dont ces révélations ont été mises sur la place publique a souvent été plus spectaculaire que significative sur le fond, tout en révélant à nos adversaires des méthodes qui pourraient avoir des conséquences sur nos opérations, que nous pourrions bien ne pas comprendre avant des années », a commenté le président Obama, lors d’un discours annonçant une série de réformes au sujet de la NSA, prononcé le 17 janvier. « La défense de notre nation dépend en partie de la fidélité de ceux auxquels nous avons confié les secrets de notre pays », a-t-il ajouté.

Reste que devant les polémiques nées de ces révélations quasi quotidiennes, le locataire de la Maison Blanche a fixé des contraintes à la NSA. Pour certains, ces dernières sont limitées. Pour d’autres, elles sont ambitieuses. En vérité, elles compliqueront le travail des employés de l’agence de renseignement.

« Les libertés que nous voulons protéger ne peuvent pas être sacrifiées » au nom de la sécurité, a affirmé le président Obama? « Avec le progrès technologique, la quantité de choses que nous ne pouvons pas faire a largement réduit : nous devons donc nous demander non plus ce que nous pouvons faire, mais ce que nous devons faire. Une nouvelle approche est nécessaire », a-t-il insisté.

De nos jours, et comme l’expliquait, en 2010, Bernard Barbier, l’ex-chef de la direction technique de la DGSE, l’important, en matière d’interception de télécommunications, n’est pas le contenu mais le contenant, soit les méta-données, soit les informations de connexions, les numéros de téléphones et les appels ainsi que leur durée. C’est ce qui permet de mettre à jour l’existence éventuelle de réseaux ou de cellules terroristes.

La NSA est autorisée à collecter ces méta-données par l’article 215 du Patriot Act, adopté dans la foulée des attentats du 11 septembre 2001 en contraingnant les  les opérateurs américains de télécommunication à les lui fournir.

« Je pense qu’une nouvelle approche est nécessaire. C’est la raison pour laquelle je donne l’ordre d’une transition qui mettra fin à la collecte de données (…) au terme de l’article 215 », a ainsi affirmé le président Obama. Pour autant, il n’est nullement question d’empêcher la NSA d’avoir accès à ces informations.

« Donc, cette collecte continuera », a-t-il ajouté, mais dans le cadre d’un nouveau « mécanisme qui préservera les capacités dont nous avons besoin, sans que le gouvernement détienne ces métadonnées ». Un rapport devant en définir les modalités a été demandé au secrétaire à la Justice, Eric Holder, ainsi qu’aux directeurs des différentes agences de renseignement. Le document est attendu pour le 28 mars prochain.

Mais l’idée est donc de ne plus autoriser la NSA à conserver ces meta-données, lesquelles seraient dorénavant stockées soit par les opérateurs télécom, soit par un nouveau consortium, indépendant du gouvernement américain, qui reste à créer, ni à les consulter sans en demander préalablement la permission étant donné qu’elle devra, à cette fin, obtenir une autorisation de justice des cours secrètes mises en place par le Foreign Intelligence Surveillance Act (Fisa), sauf « en cas d’urgence réelle ».

Selon le Directeur national du renseignement américain, cette base de « méta-données » a seulement fait l’objet de 300 recherches en 2012, effectuées par 22 analystes de la NSA habilités. Avec les nouvelles dispositions, le travail de ces derniers sera donc plus compliqué. Cela étant, pour qu’elles entrent dans les faits, il faudra l’approbation du Congrès, ce qui promet de beaux débats en perspective.

Quant aux écoutes des communications de dirigeants étrangers alliés des Etats-Unis, révélées là encore par Edward Snowden, le président Obama a promis d’y mettre un terme.

« A moins que notre sécurité nationale ne soit en jeu, nous n’espionnerons plus les communications des dirigeants de nos alliés proches et de nos amis », a-t-il en effet annoncé. Les dirigeants des pays amis et alliés doivent savoir que si je veux apprendre ce qu’ils pensent sur un sujet particulier, je décrocherai mon téléphone et je les appellerai – plutôt que les faire surveiller », a-t-il ajouté.

Pour autant, Barack Obama a indiqué que les agences de renseignement américaines continueraient à « réunir des informations sur les intentions des gouvernements à travers le monde », comme tous les autres pays. « On ne va pas s’excuser juste parce que nos services sont peut-être plus efficaces », a-t-il fait valoir. « Mais les chefs d’Etat et de gouvernement avec qui nous travaillons en étroite collaboration (…) doivent être confiants dans le fait que nous les traitons en véritables partenaires », a-t-il assuré.

Enfin, le président Obama a également promis des mesures visant à protéger la vie privée des citoyens non-américains sauf si ces derniers menacent la sécurité des Etats-Unis. La NSA n’a que faire des conversations de Mme Dupont. Mais si elle passe des coups de fil au Pakistan ou en reçoit de Falloujah, alors là, ce sera une autre chanson.

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