L’ONU craint toujours un génocide en Centrafrique

Malgré le déploiement, en République centrafricaine, de 1.600 militaire français (chiffre officiel) dans le cadre de l’opération Sangaris et des troupes africaines de la Mission internationale de soutien à la Centrafrique (MISCA), John Ging, le chef du Bureau de coordination des Affaires humanitaires de l’ONU (Ocha), a fait part de ses craintes de voir un génocide dans ce pays.

Certes, selon lui, les troupes présentes en Centrafrique font « du bon travail » et il en appelé la communauté international à « élargir » leur action et à apporter une aide financière à Bangui. Mais, a-t-il affirmé, « il y a tous les éléments que nous avons vus dans des endroits comme le Rwanda, la Bosnie, les éléments sont là pour un génocide ». Et d’insister : « Cela ne fait pas de doute ».

« Des atrocités sont commises de façon continue », a expliqué John Ging. « Ce n’est pas un conflit interreligieux pour l’instant mais cela pourrait le devenir », a-t-il poursuivi, en soulignant que le conflit en cours avait été déclenché par des « personnes extrêmement violentes ayant leur propre objectif (et) qui essaient de convertir la situation en un conflit interreligieux ».

« Nous devons créer les conditions pour que la peur disparaisse, a-t-il ajouté, en estimant que « le calme pouvait revenir très rapidement en cas de mobilisation internationale rapide et à large échelle ». Et d’avertir que les « conséquences vont être dramatiques si nous n’agissons pas immédiatement », en déplorant l’effondrement « complet » du pays depuis le renversement du président Bozizé par les rebelles de la coalition Séléka. « Politiquement, le pays s’est effondré, les services publics se sont effondrés aussi (…), l’armée et les forces de police ont aussi été désintégrées », a-t-il détaillé.

L’ambassadeur français auprès des Nations unies, Gérard Araud, n’a pas dit autre chose. Et il a même admis que la France avait « peut-être sous-estimé la haine et le ressentiment entre communautés » en Centrafrique, où combattants de l’ex-Séléka, à dominante musulmane et milicens chrétiens « anti-balaka » s’affrontent quand ils ne se défient pas.

« Nous savions qu’il y avait des violences interreligieuses, mais nous n’imaginions pas une haine aussi profondément ancrée. Nous devrions peut-être travailler avec des psychologues et des ethnologues pour comprendre comment elle est apparue et comment apaiser la situation », a encore affirmé M. Araud, lors d’une conférence donnée à l’occasion du 20e anniversaire du génocide rwandais, ce 16 janvier.

« Il s’agit d’une situation presque impossible pour les soldats africains et français. Nous devons réfléchir dans des termes très pratiques à la façon d’être efficace pour empêcher les gens de s’entre-tuer quand ils veulent désespérément le faire », a-t-il aussi expliqué.

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