L’ancien directeur technique de la DGSE rejoint le secteur privé

Nommé à la tête de la direction technique de la DGSE (Direction générale de la sécurité extérieure) en 2006, c’est à dire du « service » en charge des interceptions des communications, de l’imagerie satellitaire et de la cryptologie, Bernard Barbier, 60 ans, vient de quitter ses fonctions, ayant atteint la limite d’âge.

Ingénieur diplômé de l’Ecole centrale de Paris, Bernard Barbier a commencé sa carrière en 1977 à la Direction des applications militaires du Commissariat à l’énergie atomique (CEA), à Limeil-Valenton. De 1989 à 1996, il dirige le service de cryptologie, puis le département « études techniques » de la DGSE.

De retour au CEA, Bernard Barbier devient chef du département systèmes au sein du Laboratoire d’Electronique et de Technologie de l’Information (LETI), qu’il dirigera de 2003 à 2006, c’est à dire avant de retrouver le boulevard Mortier.

Sous sa houlette, la direction technique de la « Psicine » a pris du volume, étant donné que, à partir du milieu des années 2000, les investissements consentis dans les équipements d’interception et informatiques n’ont cessé d’augmenter. Actuellement, les effectifs de cette dernière représentent le tiers de ceux de la DGSE, qui compte 6.000 agents.

Très discret, Bernard Barbier s’était toutefois exprimé à deux reprises en 2010 lors de colloques. Au cours de ses interventions, il avait évoqué les efforts de la DGSE pour rattraper son retard en matière de renseignement technique par rapport à la NSA américaine et au GCHG britannique. « Mais aujourd’hui, on est en première division », avait-il assuré.

Le désormais ex-directeur technique de la DGSE avait aussi avancé que, depuis les années 1990, « le contenant » est devenu « plus intéressant que le contenu ». Et pour cause : si les messages peuvent être chiffrés, les données générées par les outils qui permettent de les communiquer ne le sont pas. « Et toutes ces méta-données, on les stocke, sur des années et des années, et quand on s’intéresse à une adresse IP ou à un n° de tel, on va chercher dans nos bases de données, et on retrouve la liste de ses correspondants, pendant des années, et on arrive à reconstituer tout son réseau », avait-il expliqué.

« Nos cibles principales aujourd’hui n’utilisent plus le chiffrement gouvernemental ou militaire mais plutôt de la cryptographie grand public, car nous travaillons à 90% sur l’anti-terrorisme. Aujourd’hui, nos cibles sont les réseaux du grand public, parce qu’utilisés par les terroristes », avait encore indiqué Bernard Barbier.

Mais à présent, l’ex-directeur technique de la DGSE n’aura plus à parler de « cibles » puisqu’il vient d’être nommé conseiller spécial pour la cybersécurité et la cyberdéfense au sein du Groupe Sogeti, filiale à 100% de Cap Gemini qui figure parmi les leaders des services technologiques et du test logiciel, spécialisé dans la gestion des applicatifs, des infrastructures et les services en ingénierie.

Cette annonce a été officialisée le 14 janvier, c’est à dire après l’examen du recrutement de M. Barbier par le groupe Sogeti par la commission de déontologie du ministère de la Réforme de l’Etat et de la Fonction publique.

« Le cyber, nouvel espace géostratégique, compte parmi les axes stratégiques de développement de Sogeti. Renforcer le positionnement international du Groupe lui permettra de répondre aux évolutions des enjeux clients face à la complexité des technologies et aux contraintes règlementaires », explique l’entreprise, dans son communiqué. Assurément, le recrutement de Bernard Barbier est une belle prise!

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