Dans un « tweet », le président iranien parle de « reddition des puissances mondiales » dans le dossier du nucléaire

En novembre dernier, à Genève, le groupe 5+1 (les membres du Conseil de sécurité de l’ONU et l’Allemagne) avait conclu un accord intérimaire avec l’Iran sur son programme nucléaire. Et cela après des années de blocage.

Ce texte prévoit ainsi un assouplissement « limité, temporaire, ciblé et qui pourra être annulé » des sanctions prises à l’égard de Téhéran pendant une période de 6 mois au cours de laquelle l’Iran devra geler son programme nucléaire, suspecté d’avoir une volet militaire sous le couvert d’activités civiles. Cet accord entrera en vigueur le 20 janvier prochain, comme l’a indiqué, le 12 janvier, le président Obama.

« A partir du 20 janvier, l’Iran commencera pour la première fois à éliminer son stock d’uranium hautement enrichi et à démanteler une partie des infrastructures qui rendent cet enrichissement possible », a-t-il ainsi déclaré , en souligant que les clause de cet accord intérimaire « permettaient de faire progresser notre objectif d’empêcher l’Iran de se doter de l’arme nucléaire ».

De son côté, le président iranien, Hassan Rohani, a réagi, le 14 janvier, en postant ce message sur son compte Twitter (@HassanRouhani), en langue anglaise : « Nos relations avec le monde sont basées sur les intérêts de la nation iranienne. L’accord de Genève constitue une reddition des puissances mondiales à la volonté de la nation iranienne ». Provocation? Maladresse? Toujours est-il que ce « tweet » a été effacé au bout de 24 heures.

Pour la Maison Blanche, il ne faut y voir aucune malice. « Nous nous attendions tout à fait à ce que les dirigeants iraniens décrivent l’accord (intérimaire de Genève) d’une certaine façon pour le public de leur pays », a commenté Jay Carney, le porte-parole de la présidence américaine. « Ce qui est important à nos yeux (…) ce sont les actes de l’Iran pour tenir ses engagements », a-t-il ajouté.

« Cela ne nous surprend pas, et cela ne devrait pas être le cas pour vous, que les Iraniens décrivent l’accord d’une certaine façon (…) Ils ont fait de même lors de l’annonce de l’accord en novembre, et nous nous attendions à ce qu’ils fassent la même chose cette fois-ci, a encore insisté M. Carney, en réponse à des journalistes.

Sauf que le porte-parole de la Maison Blanche semble avoir oublié que Twitter et Facebook sont censurés en Iran depuis 2009 et que cette interdiction a été rappelée en octobre dernier. Et même si le président Rohani en un adepte, comme d’autres dirigeants de son pays, le général Esmail Ahmadi-Moghadam, chef de la police iranienne, a affirmé, en décembre, que « le fait que certains responsables franchissent petit à petit les lignes rouges et entrent sur les réseaux sociaux qui sont interdits pour les citoyens n’est pas une bonne chose ». Cette présence, a-t-il ajouté, « n’est pas un délit en soi mais la façon de les utiliser peut mener à commettre un délit ».

Et quand bien même, le président Rohani dispose de deux comptes Twitter : l’un en anglais, l’autre en farsi. S’il s’était agi pour lui de s’adresser à sa population – qui n’a pas accès à ce service – et aux responsables iraniens – qui ont la possibilité d’y accéder – l’on voit mal pourquoi il a choisi de poster son message dans la langue de Shakespeare, si ce n’est pour s’adresser au plus grand nombre.

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