La présidence afghane a annoncé la libération de 72 combattants taliban jugés dangereux par les Etats-Unis

Les responsables militaires américains craignaient la libération de plusieurs détenus dangereux une fois le contrôle de la prison de Bagram transféré aux autorités afghanes. Et visiblement, et même si des gages furent donnés à l’époque, ils avaient raison.

Ainsi, le 9 janvier, la présidence afghane a annoncé la libération prochaine de 72 combattants du mouvement taleb écroués à la prison de Bagram, à l’issue d’une réunion présidée par le chef de l’Etat, Hamid Karzaï. Au cours de cette dernières, les cas de 88 prisonniers ont été examinés. Seulement 16 d’entre eux, pour lesquels il existe des « preuves » de leur dangerosité, resteront emprisonnés.

Pour 72 autres, soit il n’existe « aucune preuve » (45), soit ils ne « sont cités que dans des rapports, sans preuve formelle à leur encontre », a expliqué la présidence afghane, en soulignant que les décisions avaient été prises sur la base d’enquêtes dont les conclusions furent présentées par Rahmatullah Nabil, le chef du renseignement afghan (NDS).

Cela étant, les 16 combattants taliban qui n’ont pas été libérés cette fois-ci peuvent encore garder l’espoir de l’être prochainement étant donné que la Commission de révision de la prison de Bagram devra « réexaminer » leur dossier.

Cette annonce faite par la présidence afghane vient alors que les relations entre Washington et Kaboul sont tendues, Hamid Karzaï mettant tout la mauvaise volonté possible pour faire ratifier l’accord bilatéral de sécurité (BSA), pourtant approuvé par la Loya Jirga (assemblée traditionnelle) en novembre et qui fixe le cadre général pour le maintien de troupes américaines réduites après la fin de la mission de la Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF), déployée en Afghanistan jusqu’en janvier 2015, sous l’autorité de l’Otan.

Sans doute qu’en libérant ces 72 insurgés, le président Karzaï entend donner des signes de bonne volonté au mouvement taleb, avec qui il espère aboutir à un accord de paix. Seulement, l’expérience l’a montré : les combattants remis ainsi dans la nature reprennent systématiquement les armes.

Aussi, le commandant de l’ISAF, le général américain Joseph Dunford, a protesté contre ces libérations, en faisant valoir qu’elles allaient à l’encontre de l’accord signé lors du transfert d’autorité de la prison de Bagram aux autorités afghanes.

Un porte-parole de l’armée américaine en Afghanistan a quant à lui décrit ces 72 taliban prochainement libérés comme « dangereux » et estimé qu’ils constituent une « menace tangible ». Ils seraient responsables de la mort de 60 soldats de l’ISAF et d’au moins une cinquantaine d’Afghans.

« Le fait que (ces détenus) aient pu faire l’objet d’accusations n’implique pas nécessairement qu’ils soient coupables », a-t-il répondu  Aimal Faizi, le porte-parole du président afghan. « A partir du moment où la nouvelle enquête menée par les services secrets et d’autres services de sécurité n’a retenu aucune preuve à leur encontre, nous ne pouvons les garder en prison, ce serait illégal », a-t-il ajouté.

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