Accord de principe pour une mission militaire de l’Union européenne en Centrafrique

Lors du Conseil européen du 19 décembre dernier, dédié à la politique de sécurité et de défense commune, le président français, François Hollande, avait dit souhaiter une plus forte participation des pays membres de l’UE aux opérations en Centrafrique. Ce qu’il a de nouveau répété à l’occasion des voeux adressés aux forces armées le 8 janvier dernier, sur la base aérienne de Creil.

Pour Paris, « européaniser » les opérations en Centrafrique permettrait d’avoir accès à des financements de l’UE (et donc réduire la prise en charge des coûts financiers de l’intervention), d’obtenir des effectifs supplémentaires et, politiquement, de ne pas apparaître comme le « gendarme de l’Afrique ».

Depuis, le service diplomatique de l’Union européenne a proposé plusieurs options visant à soutenir les forces françaises engagées dans l’opération Sangaris ainsi que les troupes africaines de la MISCA (Mission internationale de soutien à la Centrafrique). Ces dernières seront discutées lors d’une prochaine réunion des ministres des Affaires étrangères des Etats membres, le 20 janvier.

Ainsi, deux projets de mission ont été particulièrement mis en avant. Le premier consisterait à envoyer une mission européenne dans l’ouest de la Centrafrique afin de sécuriser l’axe routier – stratégique – menant vers le Cameroun tandis que le second viserait à déployer des militaires européens à Bangui, lesquels seraient chargés de patrouiller dans les rues de la capitale centrafricaine et d’assurer la protection de l’aéroport, dont le contrôle est primordial.

Visiblement, c’est la seconde option qui semble privilégiée par les ambassadeurs chargés des questions de sécurité auprès de l’UE. Ces derniers ont effet donné, le 10 janvier, leur accord de principe à la mise sur pied d’une mission militaire européenne pour « contribuer à la stabilité » en Centrafrique.

« Les Etats membres se sont accordés sur le fait que l’UE devait contribuer à la restauration de la sécurité et aux efforts de ses partenaires africains en Centrafrique, en coordination totale avec l’Union africaine et l’ONU », a expliqué une porte-parole de Catherine Ashton, Haut Représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité.

En attendant le 20 janvier, des discussions portant sur la planification de cette « possible » mission militaire européenne vont se poursuivre. Cette dernière pourrait compter au moins 600 hommes appuyés par des hélicoptères et pourvus de capacités de renseignement ainsi que de moyens médicaux.

Si un accord est trouvé au niveau des ministres des Affaires étrangères – ce qui n’est pas encore totalement acquis – les Etats membres de l’UE devront dire les moyens qu’ils compteront fournir à cette mission.

Pour le moment, certains d’entre eux ont déjà apporté une aide logistique à l’opération Sangaris, avec notamment l’envoi d’avions de transport. Mais beaucoup, pour ne pas dire presque tous, sont réticents à aller plus loin.

En outre, si le « concept de gestion de crise » de cette mission est validé, sa mise en oeuvre ne sera pas immédiate. Cela pourrait prendre, au mieux, quelque semaines. En 2013, il avait ainsi fallu attendre pas loin de 6 semaines pour voir l’EUTM Mali (mission de l’UE visant à former les forces armées maliennes, ndlr) se mettre en place…

Reste que, pour le moment, la résolution 2127 adoptée par le Conseil de sécurité des Nations unies le 5 décembre dernier, et qui autorise l’intervention française en Centrafrique ainsi que celle de la MISCA, ne prévoit pas de rôle militaire à l’Union européenne.

« Lorsque l’intervention en Centrafrique a été engagée, début décembre, il n’a jamais été question de nous embarrasser sur le terrain de partenaires européens », a ainsi confié une source diplomatique française au Figaro.

Par ailleurs, la situation en Centrafrique sera évoquée lors d’une rencontre, à Paris, le 12 janvier, entre le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, et le  secrétaire d’Etat américain, John Kerry. « Nous travaillons avec les Français pour soutenir la Misca », a souligné ce dernier, en rappelant que les Etats-Unis avaient débloqué une enveloppe de 100 millions de dollars pour financer la formation, le transport aérien et l’équipement de soldats africains.

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