La France et le Japon vont approfondir leur coopération militaire

Sur beaucoup de sujets internationaux, la France et le Japon partagent le même point de vue. C’est notamment le cas sur les activités balistiques et nucléaires de la Corée du Nord et de l’Iran, de la situation en Syrie en Afghanistan ou encore en Afrique, de la liberté de navigation ainsi que des enjeux spatiaux et de la cybersécurité.

Tous ces dossiers ont été abordés le 9 janvier, à l’occasion de la venue à Paris des ministres japonais des Affaires étrangères et de la Défense, Fumio Kishida et Itsunori Onodera, lors d’une rencontre avec leurs homologues français, Laurent Fabius et Jean-Yves Le Drian, dans le cadre d’un partenariat dit « 2+2 ».

Bien évidemment, la question des tensions en mer de Chine nées des revendications territoriales des uns et des autres a été abordée. Ces derniers mois, les relations entre Tokyo et Pékin se sont dégradées en raison du différend qui les oppose au sujet de l’archipel Senkaku/Diaoyu.

Selon le communiqué publié à la fin de leur entretien, les 4 ministres français et japonais ont « constaté que la sécurité en Europe et la sécurité en Asie étaient étroitement imbriquées » et « rappelé l’importance d’apaiser les tensions qui se font jour dans la région, en particulier en mer de Chine orientale, et l’importance de la résolution pacifique des différends par le biais du dialogue et de la concertation, en conformité avec le droit international ».

Lors de la conférence de presse conjointe, M. Fabius a précisé qu' »il n’est pas question » pour Paris de « prendre parti sur des questions de souveraineté ». Cependant, a-t-il ajouté, la « France est préoccupée par la montée des tensions dans la région » et « il faut que toutes les formes de dialogue soient mises en oeuvre ».

Cela dit, et alors que la Chine a établi, en novembre dernier, une zone d’identification aérienne englobat l’archipel Senkaku/Diaoyu, le communiqué final précise que « les quatre ministres se sont accordés sur l’importance de la liberté de survol de la haute mer et de la zone économique exclusive, et la sécurité de l’aviation civile, dans le respect du droit international ».

Pour la diplomatie française, il ne s’agit pas de froisser Pékin (avec ses contrats commerciaux éventuels) tout en ménageant Tokyo. Chose qui n’est pas toujours facile à faire car l’on garde en mémoire, au Japon, la vente à la Chine par DCNS de grilles d’appontage pour hélicoptères destinées à équiper les navires de l’agence (civile) de surveillance maritime chinoise, celle-là même qui fait régulièrement des incursions dans les eaux de l’archipel Senkaku.

Quoi qu’il en soit, le partenariat entre la France et le Japon est appelé à s’intensifier, notamment dans le domaine militaire. Pour Paris, le Japon offre des perspectives potentiellement intéressante en la matière dans la mesure où le Premier ministre japonais, Shinzo Abe, souhaite modifier la Constitution pacifiste du pays.

Ainsi, au chapitre des « actions concrètes à poursuivre » entre les deux pays, il est question de la mise en place d’une « enceinte de dialogue portant sur la coopération dans le domaine des équipements de défense et sur le dispositif de contrôle des exportations ».

Cette « enceinte » comprendra deux comités. Le premier permettra à la France et au Japon de soutenir « le développement d’une coopération en matière d’équipements et de technologiues grâce à un partage d’informations sur leurs politiques d’acquisition ainsi que sur les domaines scientifiques et technologiques pour la défense auxquels les deux pays s’intéressent et à la promotion d’une coopération industrielle y compris par le développement ou la production en commun d’équipements de défense ». Les domaines concernés pourraient être ceux des hélicoptères de dernière génération, des drones et des sous-marins.

Le second comité visera à quant à lui contrôler les exportations d’équipements de défense. « La France et le Japon partageront leur analyse de l’environnement de sécurité de chaque pays, et y seront attentifs. Ils développeront leur échange d’informations sur les procédures et mécanismes de contrôle des exportations pour les matériels militaires et les biens à double usage, et examineront les possibilités de coopération multilatérale », précise le commuiqué.

Ce dernier indique également que Paris et Tokyo vont examnier « des projets concrets dans la recherche, du développement et de la production en commun d’équipements de défense, et travailleront en vue d’un accord intergouvernemental pertinent lié aux projets ainsi identifiés ». Ce qui, en clair, signifie que des programmes communs aux deux pays pourraient voir prochainement le jour.

La coopération est aussi de mise au niveau opérationnel, et cela afin de garantir la stabilité régionale et internationale ». Elle concernera la sûreté maritime et la lutte contre la piraterie, notamment au large de la Somalie et du golfe d’Aden, avec une « coordination accrue entre les forces des deux pays » stationnées à Djibouti, le soutien des activités de formation au maintien de la paix, en particulier en Afrique, la sécurité des ressortissants à travers les représentations diplomatiques respectives à l’étranger et l’aide « au renforcement des capacités en Asie du Sud-Est et dans le Pacifique Sud ».

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