L’armée américaine ne conservera qu’un tiers des 27.000 véhicules MRAP acquis pour l’Irak et l’Afghanistan

Le programme des véhicules MRAP (Mine Resistant Ambush Protected) a été lancé en urgence voilà maintenant près de 10 ans afin de répondre efficacement à la menace posée par les engins explosifs improvisés (IED), lesquels ont pendant longtemps été la première cause des pertes subies par les forces occidentales, et en particulier américaines, déployées en Irak et en Afghanistan.

Ainsi, une étude récente publiée par le Joint Program Office du Pentagone a fait valoir que les véhicules MRAP, dotés d’un blindage renforcé  et d’une coque en V afin de dévier le souffle des explosions vers l’extérieur, avaient permis de sauver 30.000 vies en Afghanistan et 10.000 autres en Irak. Certains experts ont estimé ces chiffres trop optimistes mais tous reconnaissent que ces engins ont contribué à réduire significativement les pertes humaines sur ces théâtres d’opérations.

Pourtant, le programme MRAP n’avait pas été épargné par les critiques, notamment en raison de son coût (50 milliards de dollars pour 27.000 exemplaires produits environ). Pour certains, à l’époque, cet argent aurait été mieux dépensé en finançant un nouveau véhicule tactique léger destiné à remplacer les Humvee.

Un autre problème concernant les MRAP est la grande disparité des modèles mis en service (au moins 25), ce qui complique leur entretien étant donné qu’il faut disposer de stocks de pièces détachées différentes. Enfin, leur consommation importante en essence avait également été pointée.

Alors, maintenant que les forces américaines ont quitté l’Irak et qu’elles s’apprêtent à se retirer d’Afghanistan, que faire de cette flotte importante de MRAP dans un contexte budgétaire contraint? Et, étant donné qu’il s’agit d’un programme lancé en urgence, aucun plan à long terme pour assurer leur maintien en condition opérationnelle n’a été prévu.

Jusqu’à présent, l’entretien des MRAP est pris en charge par le budget OCO (Overseas Contingency Operations), lequel est crédité d’un montant de 80 milliards de dollars afin de financer les opérations extérieures des Etats-Unis. Il a été prévu une même enveloppe pour l’année fiscale en cours… Mais ensuite, elle devrait être revue drastiquement à la baisse.

Aussi, le Pentagone a décidé de ne conserver que 8.585 véhicules MRAP (dont 5651 Oskosh VTT, 2.633 Navistar MaxxPro Dash et 301 ambulances) et de se débarrasser du reste. Dans le détail, 5036 seront stockés, 1073 serviront à la formation et le solde restera en service au sein des unités de l’US Army et de l’US Marine Corps. Il faudra tout de même 1,7 milliard de dollars pour les conserver d’ici 2016. Chose que devrait permettre le budget « OCO ».

Outre le fait que les responsables militaires américains estiment que ces MRAP seront moins utiles à l’avenir, cette décision s’explique par le coût du rapatriement des véhicules actuellement engagés en Afghanistan, estimé entre 250.000 et 450.000 dollars par unité (en fonction du mode de transport choisi) contre « seulement » 12.000 dollars pour démanteler chacun d’entre eux sur place. Déjà, 1.938 exemplaires jugés en trop mauvais état ont été « ferraillés » par des entrepreneurs locaux.

Cela étant, le Pentagone espère vendre ses véhicules en surplus à des forces armées étrangères. Environ 2.000 exemplaires ont ainsi été mis sur le marché mais aucune offre concrète n’a été encore faite (sans doute que le fait que le coût de transport soit à la charge de l’acquérir a dû en refroidir plus d’un parmi ceux qui seraient intéressés par ce matériel de « niche »…).

L’armée américaine pourrait céder à titre gracieux les MRAP dont elle ne veut plus aux forces afghanes. Mais il en est hors de question car ces dernières ne seraient pas en mesure de les entretenir, voire même de les faire fonctionner.

A noter que la France avait acquis 5 MRAP de type Buffalo en 2008 selon la procédure d’achat dite « urgence opérationnelle ». Ces véhicules, déployés en Afghanistan, sont en dotation au sein du 13e Régiment du Génie.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]