Une radio indépendante agace les gendarmes en Haute-Vienne

Les responsables de la radio indépendante haut-viennoise Flash FM ont une bonne idée pour doper l’audience : annoncer à l’antenne les positions des radars fixes ou mobiles mis en place par la gendarmerie dans le département grâce aux signalements des auditeurs. Depuis, le taux d’écoute de la station a pratiquement doublé.

Seulement, si le directeur de Flash FM met en avant son caractère préventif, cette initiative n’est pas du goût du Groupement de gendarmerie de la Haute-Vienne, dont le commandant, le colonel Anne Fougerat,  a expliqué, à l’AFP, que « l’annonce systématique de la présence de militaires sur le terrain sans distinguo entre les opérations ‘vitesse’ et les opérations de ‘lutte conte les cambriolages’ compromettent » le travail des gendarmes et la « sécurité des citoyens ».

En clair, ce qui est reproché à Flash FM est de permettre à ses auditeurs de signaler les mouvements des gendarmes alors que tous ne sont pas forcément liés à des contrôles routiers.

« Nous avons eu dans plusieurs enquêtes l’occasion de constater que les cambrioleurs savent que cette radio annonce notre présence et, bien sûr, qu’en conséquence, ils l’écoutent assidument », a ajouté le colonel Fougerat. Ainsi, récemment, a indiqué l’officier, les gendarmes haut-viennois ont été contraints de « lever deux importants dispositifs de lutte contre les cambriolages » mis en place près de Limoges car leur « position avait été révélée par des auditeurs ».

Le procureur de la République de Limoges, Michel Garrandaux, a envoyé un courrier, avant les fêtes de fin d’année, aux responsables de la radio indépendante. « Mon attention a été appelée sur les agissements de votre radio qui entraînent une entrave au bon fonctionnement des services de la gendarmerie dans le département », a-t-il écrit,  en faisant valoir que les signalements des auditeurs compliquaient « la lutte contre les cambriolages ».

« Il n’y a pas de lien tangible entre nos annonces et la recrudescence des effractions. (…) La dernière vague de cambriolages remonte au week-end de la Toussaint, trois jours durant lesquels nous n’avons pas relayé la position des gendarmes dans le département », a, de son côté, réagi le rédacteur en chef de Flash FM, Denis Granger. « Toutes les radios locales font les mêmes annonces que nous avec le soutien de leurs auditeurs », a-t-il assuré à l’AFP.

Pour autant, dans les colonnes du quotidien Le Populaire, Denis Granger a indiqué avoir entendu les arguments des gendarmes et du procureur de la République. Et il compte prendre rendez-vous avec ce dernier pour expliquer la ligne suivie par sa radio.

Dans un commentairesigné Pascal Thomas, c’est à dire le directeur d’antenne de la radio, et posté sur le site du quotidien local, il est précisé que « si le contrôle de vitesse n’est pas confirmé par l’auditeur (jumelles ou radars), l’info n’est pas diffusée. Seuls les contrôles de vitesse avérés sont annoncés ». Sans doute est-ce insuffisant, le mieux étant d’obtenir au moins deux témoignages…

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