Un mois après son lancement, l’opération Sangaris est de moins en moins soutenue par l’opinion

Un mois après le lancement de l’opération Sangaris, en Centrafrique, la situation à Bangui reste volatile. Les 1.600 soldats français engagés dans cette mission peinent à désarmer les différentes factions (ex-rebelles de la Séléka, à dominante musulmanes, milices chrétiennes anti-balaka, constituées en réponse aux exactions commises par les premiers), les violences, régulières ont fait un millier de tués à Bangui depuis le 5 décembre, les ressortissants étrangers, principalement africains, fuient massivement le pays et les Nations unies évaluent à 1 millions le nombre de déplacés.

Sans oublier la relative inefficacité de la Mission internationale de soutien à la Centrafrique (MISCA), qui, lancée sous l’égide de l’Union africaine, est opérationnelle depuis le 19 décembre. Manquant de moyens mais aussi de savoir-faire, certains de ses contingents sont accusés de partialité, quand ils ne se tirent pas dessus mutuellement.

Alors que des critiques portant sur le manque de moyens de l’opération Sangaris – notamment au niveau des effectifs – ont été émises récemment par des experts pas du tout autoproclamés, le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a réfuté tout enlisement de la France au cours d’un déplacement à Bangui, effectué dans le cadre de sa tournée africaine lors des fêtes de fin d’année.

Seulement, l’opinion française, qui ne soutenenait déjà l’opération Sangaris que du bout des lèvres au moment de son lancement (à 51%, selon l’IFOP), semble douter des raisons qui ont poussé la France à intervenir en Centrafrique.

Ainsi, d’après une nouvelle enquête menée par le même institut IFOP pour le Journal du Dimanche et Sud-Ouest, seulement 41% des personnes interrogées soutiennent l’opération Sangaris. Soit 10% de moins qu’il y a un mois. Et encore, seulement 9% des sondés se disent « tout à fait favorables » à cette intervention, 32% étant « plutôt favorables ».

En revanche, 26% se disent hostiles à cette opérations (ndlr, « pas du tout » favorables) et 33% ont répondu n’y être « plutôt pas favorables ». Et personne n’a indiqué ne pas avoir d’avis sur la question.

« L’érosion du soutien de l’opinion publique amorcée il y a trois semaines se confirme », et le faible soutien de 41%  a été atteint « bien rapidement comparativement aux opérations militaires récentes », a commenté l’IFOP. En 2011, l’intervention en Libye avait recueilli 66% d’opinions favorables au tout début. Ce soutien avait fini par s’éroder au bout de 4 mois d’opérations, à 49%.

Quant au Mali, l’opération Serval a toujours été soutenue par l’opinion (63% quelques jours après son lancement, 59% trois mois plus tard). Là, les enjeux étaient clairs et l’ennemi parfaitement désigné. Ce qui n’est pas forcément le cas en Centrafrique, où l’exécutif a sans doute manqué de pédagogie pour expliquer les raisons de l’intervention française, en insistant pas assez sur les intérêts de la France.

D’ailleurs, l’institut de sondage explique ce faible soutien par « la singularité du conflit » centrafricain, avec des « des objectifs de guerre et des ennemis peu identifiables » et donc des « succès invisibles ». Peu pertinent, en revanche, l’IFOP estime qu’il existe un « effet de lassitude » au sujet des opérations extérieures françaises. En fait, tout dépend des enjeux et surtout de la manière dont ils sont expliqués.

Pour la Centrafrique, et lors de sa visite à la force Sangaris à Bangui, M. Le Drian a rappelé les raisons qui ont poussé Paris à intervenir. « Je suis venu en Afrique pour saluer toutes les forces qui sont impliquées dans les opérations de lutte contre le terrorisme et dans les opérations de lutte contre toutes les déstabilisations », a-t-il affirmé.

Et d’ajouter : « Parce que cette lutte, ce combat, c’est à la fois la sécurité de ces Etats, de ces populations, dont nous avons mission de protéger, mais c’est aussi la sécurité de la France. Ce sont les deux en même temps. Parce qu’on sait très bien que lorsqu’il y a un vide sécuritaire, c’est le creuset de tous les trafics, c’est le creuset de tous les terrorismes, c’est la porte ouverte à tous les terrorismes. Et si nous menons ces missions, c’est à la fois pour la sécurité de ces Etats, pour la sécurité de la France mais aussi au nom de la communauté internationale ».

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