L’Iran offre son aide à Bagdad pour combattre les groupes liés à al-Qaïda

Depuis le 4 janvier, les autorités irakiennes ont perdu le contrôle de la ville de Falloujah, située à 60 km à l’ouest de Bagdad, dans la province d’al-Anbar. Profitant du ressentiment des sunnites à l’égard de la politique menée par le Premier ministre chiite irakien, Nouri al-Maliki, les combattants de l’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), lié à al-Qaïda, ont pris cette cité de 300.000 habitants, qui avait déjà le théâtre de violents combats contre les forces américaines en novembre 2004, ainsi que quelques quartiers de Ramadi, la capital provinciale.

Les forces irakiennes qui, dans un premier temps, avaient reçu l’ordre de se retirer de Falloujah, ont pris position autour de la ville, attendant les ordres de Bagdad. A Ramadi, elles ont effectué, au cours de la journée du 5 janvier, des frappes aériennes qui, selon des autorités locales et des chefs de tribu, ont fait 25 tués.

Ne disposant pas de moyens comparables à ceux utilisés par les forces américaines en 2004 et étant donné qu’il n’est pas question de bombarder Falloujah, l’armée irakienne se retrouve face à une situation complexe. Cela étant, elle peut sans doute compter sur l’appui des tribus sunnites hostiles à al-Qaïda.

Une des options pour faire « sortir » les jihadistes de Falloujah serait d’établir une ceinture autour de la ville afin de couper les voies d’approvisionnement. « Le siège pourrait prendre des jours. Nous jouons la montre pour donner aux gens la possibilité de quitter la ville, affaiblir les activistes et les épuiser », a expliqué un haut-gradé irakien.

Bien évidemment, les Etats-Unis suivent la situation de près, d’autant plus que les forces américains consentirent de lourds sacrifices pour déloger les insurgés de Falloujah et de Ramadi en 2004 et 2006. « Le département d’Etat se dit par ailleurs inquiet des tentatives l’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), la filiale d’Al-Qaïda en Irak, pour imposer son autorité en Syrie comme en Irak. Tout le monde peut voir la barbarie dont ils font preuve contre les civils de Ramadi et Fallouja », a expliqué Marie Harf, une porte-parole de la diplomatie américaine, dans un communiqué diffusé le 4 janvier.

« Nous travaillons avec le gouvernement irakien pour aider ces tribus par tous les moyens possibles. Nous sommes aussi en contact avec les chefs tribaux de la province d’Al-Anbar, qui font preuve d’un grand courage dans leur lutte pour expulser de leurs villes ces groupes terroristes », a encore affirmé Mme Harf. « Nous restons aussi en contact avec tous les dirigeants irakiens pour voir comment nous pouvons les aider à vaincre notre ennemi commun », a-t-elle précisé.

« Les Etats-Unis soutiennent le gouvernement irakien mais c’est à ce dernier de combattre les insurgés liés à Al-Qaïda », a, de son côté, fait valoir le secrétaire d’Etat américain, John Kerry, actuellement en tournée au Moyen-Orient. « Nous resterons aux côtés du gouvernement irakien qui lutte pour repousser les insurgés, mais c’est son combat – c’est quelque chose que nous avons établi il y a un moment », a-t-il insisté. En clair, il n’est pas question pour Washington d’envoyer des troupes pour aides les forces irakiennes.

« Nous sommes très, très préoccupés par la montée en puissance de l’EIIL en Irak », a encore ajouté M. Kerry. « Ce sont les acteurs les plus dangereux dans la région », a-t-il insisté.

Mais un autre pays, hostile par le passé au régime de Saddam Hussein, a proposé ses bons services à Bagdad. « L’Iran est prêt à fournir des équipements militaires et des conseils à l’Irak pour l’aider dans sa lutte contre al-Qaïda », a ainsi déclaré général Mohammad Hedjazi, adjoint du chef d’état-major des forces armées iraniennes.

« Si les Irakiens en font la demande, nous leur fournirons des équipements et des conseils mais ils n’ont pas besoin d’hommes », a poursuivi l’officier, dont les propos ont été rapportés par l’agence officielle Irna. Pour le moment, a-t-il précisé, aucune demande « pour mener des opérations communes contre les terroristes ‘takfiris’ (ndlr, jihadistes)' » n’a été adressée à Téhéran.

L’Iran a déjà envoyé des conseillers militaires en Syrie, pays voisin de l’Irak où le régime de Bachar el-Assad est contesté par une rébellion armé et des groupes jihadistes, dont l’EIIL.

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