Le Liban va se procurer des armes françaises grâce un financement saoudien de 3 milliards de dollars

Attentat qui a coûté la vie à Mohammad Chatah, un proche de l’ex-Premier ministre libanais Saad Hariri, hostile au régime syrien, tensions allant crescendo à la frontière avec Israël, depuis la mort d’un soldat de Tsahal, le 16 décembre, avec des échanges de tirs des deux côtés, le gouvernement israélien, ayant menacé de durcir ses représailles tout en accusant le Hezbollah, la milice chiite libanaise, qui, selon Benjamin Netanyahu, « déploie des milliers de roquettes et de missiles au milieu de la population civile » et « commet ainsi un double crime de guerre sous le patronage du gouvernement libanais et de son armée, qui ne font rien »…

Si l’on ajoute à ce tableau les répercussions de la guerre civile syrienne, avec l’engagement du Hezbollah auprès du régime de Bachar el-Assad et l’activité de groupes radicaux sunnites proches de la mouvance d’al-Qaïda comme les Brigades Abdallah Azzam, qui ont revendiqué, en novembre, un attentat contre l’ambassade d’Iran à Beyrouth, le Liban est dans une situation très compliquée.

Face au Hezbollah, financé et armé par l’Iran, l’armée libanaise est faiblement équipée. Au cours de ces dernières années, les promesses d’aides n’ont pas manqué. La Russie avait ainsi proposé de livrer des blindés et 10 avions MiG-29 Fulcrum d’occasion, de même que les Etats-Unis, auxquels avait été prêté l’intention de céder 10 OV-10 Bronco. Mais au final, aucun de ces projets n’a abouti.

Au début de cette année, cependant, Washington a livré à l’armée libanaise 200 véhicules blindés de transport de troupe de type M113 ainsi que 6 hélicoptères Huey II afin de renforcer ses  « capacités » et sa « mobilité (…) en cas de crise, afin de protéger les frontières et la stabilité » du Liban.

De son côté, la France, présente au pays du Cèdre avec 900 casques bleus dans le cadre de la FINUL, avait pris l’engagement de céder à Beyrouth une centaine de missiles HOT en décembre 2010. « Notre coopération militaire avec le Liban contribue à l’indépendance et la stabilité du pays et est conforme à la résolution 1701 du Conseil de sécurité », avait expliqué, à l’époque, le Quai d’Orsay.

« Elle vise à soutenir, en conformité avec des règles de procédures bien établies, les autorités du Liban et son armée qui est la seule légitime pour assurer la défense du pays. Elle a aussi pour objectif de favoriser le renforcement de la présence de l’armée au Sud-Liban et de sa coopération avec la Finul conformément à la 1701 », avait-il ajouté. Seulement, il aura fallu attendre le 13 août 2013 pour voir cet engagement tenu… Il faut dire qu’entre-temps, deux attentats visèrent les forces françaises déployées dans le cadre de la force de l’ONU et que le président Sarkozy avait menacé, en août 2011, de revoir l’engagement de la France au pays du Cèdre.

Promesses non tenues ou honorées avec beaucoup de retard, matériels de seconde main… L’équipement de l’armée libanaise ne se fait pas sans mal. Sans doute en ira-t-il autrement avec l’engagement pris par l’Arabie Saoudite de lui octroyer 3 milliards de dollars pour se procurer des armes auprès de la France.

« Le roi saoudien a décidé d’octroyer une importante aide au Liban d’une valeur de trois milliards de dollars alloués à l’armée libanaise pour renforcer ses capacités », a ainsi annoncé Michel Sleimane, le président libanais, le 29 décembre. « Il s’agit de l’aide la plus importante dans l’histoire du Liban et de l’armée libanaise », a-t-il souligné.

« Les armes seront achetées auprès de l’Etat français dans les plus brefs délais vu les relations historiques qui le lient au Liban et à l’étroite coopération militaire entre les deux pays », a poursuivi M. Sleimane, selon qui « cette aide fera l’objet de discussions entre le roi saoudien Abdallah et le président français François Hollande » et « permettra à l’armée de mener à bien sa mission ».

Justement, la situation au Liban été largement évoquée lors de la rencontre entre le roi Abdallah et François Hollande, alors en visite officielle à Riyad, le 29 décembre. Le monarque saoudien a ainsi « manifesté son inquiétude, voire son anxiété à propos des crises régionales et a salué la position courageuse de la France sur ces principaux dossiers « , a-t-on indiqué dans l’entourage du président français.

Pour l’Arabie Saoudite, cette inquiétude concerne l’activisme iranien dans la région, et plus particulièrement au Liban, via le Hezbollah. D’où l’aide de 3 milliards de dollars accordée à Beyrouth.

Lors d’une conférence de presse, le président Hollande a pris l’engagement de « satisfaire » les besoins en armement de l’armée libanaise. « S’il y a des demandes qui nous sont adressées, nous les satisferons », a-t-il affirmé.

Quant à savoir quels types de matériels et d’armes sont concernés, l’on n’en saura pas plus à ce stade. « Ce que je sais, c’est que la France, depuis déjà longtemps mais encore récemment, équipe l’armée libanaise et entendra répondre à toutes les sollicitations qui lui sont adressées parce que le Liban doit rester uni, son intégrité doit être respectée, sa sécurité doit être assurée », a simplement déclaré M. Hollande.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]