Libye : Les jihadistes accentuent leur pression sur Benghazi

L’Est de la Libye a de quoi susciter de vives inquiétudes. La présence d’éléments jihadistes est connue depuis longtemps, et l’attaque du consulat américain de Benghazi, qui coûta la vie à l’ambassadeur Christopher Stevens, le 11 septembre 2012 aura mis en lumière l’influence qu’ils exercent sur cette région, où le gouvernement libyen, qui a déjà du mal avec les différentes milices nées lors du soulèvement contre le colonel Kadhafi, peinent à y rétablir son autorité.

Mieux même. Si l’on en croit le journal allemand Welt am Sonntag, Benghazi aurait accueilli un sommet ayant réuni plusieurs responsables de la mouvance jihadiste, dont ceux d’al-Qaïda au Maghreb islamique et du Front al-Nosra, actif en Syrie.

Ces derniers mois, les assassinats de policiers, de militaires, de juges, de notables ou de ressortissants étrangers, notamment occidentaux, ont fait plus de 300 tués. L’on ne compte donc plus les attaques contre les symboles de l’Etat. Pire encore, leurs auteurs agissent quasiment en toute impunité puisque rares sont ceux qui se font arrêter.

En novembre, des affrontements entre le groupe jihadiste Ansar Asharia et les forces spéciales libyennes avaient fait une dizaine de tués. Le commandant de ces dernières, Wanis Aboukhamada avait alors estimé que ces violences constituaient un « tournant dangereux », avant d’en appeler le gouvernement et le Parlement libyens « à prendre leur responsabilité ». Mais en sont-ils capables? Là est la question.

De son côté, Ansar Asharia a fait valoir son refus de reconnaître les institutions de l’Etat, et encore moins les services de sécurité, les qualifiant d’apostat et de « Taghout » (forces maléfiques).

Le 20 décembre, le chef des services du renseignement militaire à Benghazi, le colonel Fethallah al-Gaziri, a été assassiné par balles par des inconnus alors qu’il se rendait à Derna pour assister au mariage de sa nièce. Il venait d’être récemment nommé à son poste.

Deux jours plus tard, un point de contrôle situé devant une base militaire près de Benghazi a été la cible d’un kamikaze qui s’est fait exploser à bord d’une voiture piégée. Bilan : 13 membres des forces spéciales libyennes tués.

« Cet acte de traîtrise intervient au moment où l’armée libyenne, en particulier les forces spéciales Saiqa (ndlr, une unité de l’armée libyenne)déploient des efforts pour instaurer la sécurité (…), notamment dans la ville de Benghazi », a déploré le gouvernement libyen, qui a décrété un deuil de 3 jours.

Comme lors de chaque évènement de ce type, les autorités libyennes se sont engagées à continuer leurs efforts pour former une armée et une police nationale tout en appelant à l’unité face à ces actes de terrorisme. Mais les résultats tardent à venir…

Et cela d’autant plus que la situation chaotique à Benghazi risque de compliquer davantage les relations entre Tripoli et Le Caire. En octobre dernier, une centaine de chauffeurs égyptiens avaient été enlevés au terminal frontalier de Saloum par un groupe armé libyen. L’affaire se termina finalement bien mais la presse cairote était allée jusqu’à demander une intervention militaire pour libérer les otages.

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