L’armée canadienne renonce à acquérir des véhicules de combat d’infanterie

Le gouvernement canadien a annoncé, le 20 décembre, l’annulation de son appel d’offres portant sur l’acquisition de 108 « Véhicules de Combat Rapproché » (VCR ou CCV, pour Close Combat Vehicle) pour un montant de 2 milliards de dollars, soit l’équivalent des économies demandées à la Défense canadienne pour 2014-2015 (sur 20 milliards). Ces dernières portent sur les dépenses de fonctionnement et de d’entraînement des forces, ce qui n’est pas sans poser des problèmes au niveau de leur préparation opérationnelle.

Bien évidemment, cette annulation est une grosse déception pour Nexter Systems, qui, en association avec Bombardier et l’américain Raytheon, avait proposé son  VBCI (Véhicule blindé de combat d’infanterie). Le CV90 (à chenilles) de BAE Systems et de sa filiale suédoise Hägglunds ainsi que le Piranha V de l’américain General Dynamics étaient également en lice.

Cet appel d’offres entrait dans le cadre d’un vaste programme d’équipement de 5 milliards de dollars à l’intention des forces terrestres canadiennes, avec notamment la modernisation de 550 véhicules blindés légers (les LAV III, construits par General Dynamics Land Systems, entré sur la base du Mowag IIIH Piranha 8×81 suisse) et l’acquisition de 500 véhicules de patrouille blindés tactiques.

« Après un examen minutieux des exigences opérationnelles militaires prioritaires (…), les forces armées canadiennes ont recommandé au gouvernement de ne pas procéder à cette acquisition », a déclaré Rob Nicholson, le ministre canadien de la Défense.

Cette décision « ne représentera pas de risques supplémentaires et l’armée sera complètement apte à remplir ses responsabilités envers les Canadiens et de défendre les intérêts au Canada et à l’étranger quand de telles missions sont nécessaires », a fait valoir le général Tom Lawson, le chef d’état-major des Forces canadiennes.

« L’exécution du programme relatif à la famille des véhicules de combat terrestre s’est avérée une tâche complexe pour faire correspondre les nouvelles capacités en matière d’équipement avec les besoins identifiés dans le cadre de chaque projet du programme », a, quant à elle, expliqué l’armée canadienne.

L’idée était d’acquérir une centaine de VCR afin de disposer de capacités intermédiaires (protection, de mobilité et puissance de feu) entre les LAV III et les chars lourds Leopard 2 dont, a précisé Ottawa, qui a souligné leur « rôle central en Afghanistan, 82 exemplaires « sont en voie d’être livrés à l’Armée canadienne ».

Seulement, pour le général Lawson, la modernisation des LAV III (LAV UP, pour plus d’un milliard  de dollars) s’est avérée finalement suffisante pour couvrir les besoins des forces terrestres canadiennes. « Une amélioration significative des capacités militaires (…) a réduit les lacunes en matière de protection », a-t-il ainsi avancé.

« Les capacités du véhicule blindé léger modernisé sont de beaucoup supérieures à ce qui avait été prévu au départ », a-t-il poursuivi, avant d’ajouter que « d’importants investissements dans nos capacités de renseignement, de surveillance et de reconnaissance, des progrès significatifs en matière de capacités anti-engins explosifs improvisés et l’amélioration des tactiques (…) ont permis de réduire considérablement les risques tactiques auxquels doivent faire face nos soldats déployés dans le cadre d’opérations de combat ».

Seulement, lors de l’engagement canadien en Afghanistan, les LAV III n’avaient pas spécialement brillé. Alourdis par des blindages supplémentaires, ils se révélèrent difficilement manoeuvrables et sujets à de nombreuses pannes, avec une trentaine perdus et plus de 300 autres endommagés, notamment par les engins explosifs improvisés. Aussi, Patrick Lier, vice-président des Affaires internationales, région Amérique du Nord, de Nexter Systems, n’a pas manqué de faire part de son étonnement.

« L’armée de Terre canadienne suggère ce jour que son véhicule LAV III modernisé offrait les capacités demandées au CCV », a-t-il affirmé dans un communiqué. « En tant que spécialiste de véhicules blindés ayant plusieurs décennies d’expériences, Nexter est stupéfait par ce propos, le LAV UP ne fournissant simplement pas les mêmes niveaux de protection et de mobilité », a-t-il fait valoir.

« Dans ces conditions, nous attendons du gouvernement canadien qu’il ouvre des discussions avec les industriels dans le but de révéler le véhicule ayant remporté la compétition. Il est fondamental que les autres armées alliées qui souhaitent équiper leurs soldats du meilleur véhicule, puissent bénéficier des résultats générés par les rigoureuses procédures d’essais conduites par les forces canadiennes à Valcartier (Québec) et Aberdeen Test Center du Maryland », a-t-il ajouté.

Et cela d’autant plus que la participation à cette procédure concernant les VCR n’a évidemment pas été gratuite. « Depuis quatre ans, le groupe Nexter a dépensé des millions de dollars (…) parce que nous étions convaincus que la compétition serait juste et ouverte ». D’où sa demande adressée au gouvernement canadien de dédommager tous les « compétiteurs pour les coûts engendrés par cet appel d’offres ».

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