Centrafrique : Une mission européenne pourrait être décidée en janvier

Il ne fallait pas espérer grand chose du dernier Conseil européen dédié à la Politique européenne de sécurité et de défense (PESD) au sujet de la Centrafrique. Et surtout éviter de prendre ses désirs pour des réalités… Le 17 décembre, le ministre français des Affaires étrangères avait annoncé, devant les députés, que des pays européens allaient envoyer des forces terrestres à Bangui pour appuyer l’opération Sangaris, lancée le 5 décembre par le président Hollande, après le feu donné par le Conseil de sécurité des Nations unies.

Est-il encore besoin de le rappeler, la résolution 2127 qui a autorisé cette opération en Centrafrique, pays menacé de chaos, n’autorise le déploiement que des seules forces françaises et africaines (en l’occurrence, celles de la Mission internationale de soutien à la République centrafricaine), l’Union européenne n’ayant reçu aucun mandat de cet ordre, contrairement à ce qui avait le cas en 2008 pour l’opération Eufor Tchad.

« La réponse française en Centrafrique a permis d’éviter le désastre d’une guerre civile, voire peut-être un génocide », a affirmé le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy. « C’est la deuxième fois en l’espace d’une année que la France, courageusement, prend l’initiative face à une grave crise », a-t-il souligné, en faisant référence au Mali. Et de rappeler que l’UE soutient l’effort militaire de Paris et qu’elle a versé 50 millions d’euros à la Misca et 60 autres millions au titre de l’aide humanitaire. En clair, elle a fait ce qui était attendu d’elle. Pas plus, ni moins.

Seulement, l’opération Sangaris est supportée par les finances publiques françaises. Pouvait-on espérer une participation financière de l’UE? « Nein! » pour l’Allemagne, qui, par la voix de sa chancelière, Angela Merkel, a rappelé les règles en la matière. « Seule une mission de l’UE, approuvée par les 28 Etats membres, peut bénéficier de fonds européens », a souligné un diplomate.

Quant à y envoyer des troupes… « L’UE devrait surtout examiner la meilleure façon d’entraîner et d’équiper les armées nationales des pays en crise, comme elle le fait actuellement au Mali », a fait valoir Mme Merkel.  « Nous, les Européens, ne pouvons régler tous les problèmes du monde. Nous devons donner à ces pays les moyens de s’aider eux-mêmes », a-t-elle ajouté.

Plus « cash », le chancelier autrichien, Werner Faymann, a fait valoir que « quand on lance une telle opération (ndlr, en Centrafrique), il est important qu’on puisse se mettre d’accord avant ». Et d’enfoncer le clou : « On ne peut envoyer l’addition après ».

Quoi qu’il en soit, le président Hollande s’est attaché à vouloir donner un vernis européen à l’opération française, afin qu’elle puisse bénéficier de financements de l’UE, en précisant les attentes de Paris au sujet de l’envoi de troupes en Centrafrique par d’autres Etats membres.

« En ce moment, il y a des contacts qui sont pris, qui sont pour certains avancés, je pense notamment à la Pologne, pour que des pays mettent aussi des éléments humains, c’est à dire des forces, pour des opérations qui peuvent être complémentaires des nôtres. Si cette décision est confirmée, à ce moment-là, l’opération en Centrafrique sera considérée comme une opération européenne. Et si c’est une opération européenne, il y aura des financements européens », a-t-il affirmé, dans la soirée du 19 décembre.

« Ce que je souhaite est qu’il y ait, politiquement, une présence de l’Europe. Qu’on ne dise pas : ‘la France est seule ». C’est important pour l’Europe », a encore plaidé M. Hollande.

La Pologne, évoquée par le chef de l’Etat, a d’ores et déjà fait savoir qu’il n’était pas question, à ce se stade, d’envoyer des forces terrestres à Bangui. « Le président (François Hollande) m’a parlé à ce sujet. (…) Un avion de transport et un détachement militaire (chargé de l’appareil), c’est dans nos possibilités », avait indiqué Donald Tusk, le président polonais, le 17 décembre.

Pour le moment, une mission européenne en Centrafrique est loin d’être acquise. En tout cas, une décision devrait être prise le 20 janvier prochain, à Bruxelles, à l’occasion d’une réunion des ministres européens des Affaires étrangères, a indiqué le président Hollande, lors de la conférence de presse tenue à l’issue du Conseil européen.

D’ici là, le haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Mme Catherine Ashton, présentera « des options pour contribuer à la stabilité » de la Centrafrique « à travers une mission de l’UE ».

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