Le Japon va augmenter ses dépenses militaires de 5% dans les 5 ans à venir

Au Japon, les forces armées (ou d’autodéfense) n’auront pas à contribuer à un effort visant à réduire la dette publique du pays, qui représente tout de même 245% du PIB. L’an passé, encore, l’archipel était en récession économique. Cependant, les choses tendent à s’améliorer progressivement – mais la partie est loin d’être gagnée – depuis l’arrivée de Shinzo Abe au poste de Premier ministre.

Ce dernier a mis en place une politique économique basée sur la stimulation l’investissement privé et l’augmentation des dépenses publics, le tout grâce à l’assouplissement monétaire (comprendre faire tourner la planche à billets), avec pour conséquence une baisse de la valeur du yen, ce qui doit permettre de doper les exportations. Trois « flèches »que les financiers ont appelé les les abenomics.

Pour l’OCDE, Tokyo doit cependant « maîtriser les dépenses, en particulier les dépenses de sécurité sociale, compte tenu du vieillissement rapide de la population », ce qui passe par des « hausses d’impôts substantielles » même si ces dernières auront un impact négatif sur la croissance ». Et d’ajouter : « Étant donné l’ampleur et la durée de l’assainissement budgétaire, le Japon risque de se trouver confronté à une hausse sensible des taux d’intérêt qui menacerait un système bancaire fortement exposé à la dette publique japonaise ».

Seulement, les Abenomics semblent montrer leurs limites. Le taux de croissance japonais tend à s’essoufler, passant de 1,1% au premier trimestre à 0,3% au troisième; et les exportations continuent à chuter, notamment celles vers l’Europe.

Reste que le contexte sécuritaire régional est tendu, en particulier avec la Chine, qui revendique l’archipel Senkaku, actuellement sous souveraineté japonaise, et les ambitions nucléaires nord-coréennes. Cette année, et pour la première fois en 10 ans, le Japon a augmenté ses dépenses militaires. Et cette tendance va s’accentuer au cours des 5 ans à venir.

En effet, Shinzo Abe a approuvé, ce 17 décembre, la stratégie de sécurité nationale du pays pour la période 2014-2019. Selon ce document, il est ainsi question d’allouer 175 milliards d’euros (24700 milliards de yens ) pour doter les forces d’autodéfense nippones de nouveaux matériels, dont des drones, 17 appareils hybrides VF-22 Ospreys, 52 véhicules amphibies, 5 sous-marins, une première tranche de 28 avions de combat F-35 et deux destroyers équipés du système antimissile Aegis.

« Nous espérons apporter une contribution supplémentaire à la paix et à la stabilité de la communauté internationale par le biais de ce pacifisme militant », a déclaré le Premier ministre japonais, en commentant cette nouvelle stratégie de sécurité nationale, laquelle veut doter le pays de « forces de défense conjointes dynamiques » qui devront être en mesure de faire faire face à une invasion combinée dans les airs, sur mer et sur terre. « La Chine (…) prend un chemin dangereux qui peut entraîner des situations d’urgence imprévues », y est-il affirmé.

Toujours à l’endroit de Pékin, le document estime que « la position de la Chine à l’égard d’autres pays et le manque de transparence en ce qui concerne sa politique de sécurité nationale et militaire, représentent une préoccupation pour le Japon et la communauté internationale dans son ensemble et nécessite une surveillance étroite ».

La nouvelle stratégie met également l’accent sur le redéploiement vers les îles de l’ouest et du sud du Japon des forces d’autodéfense, lesquelles étaient restées focalisées sur la menace soviétique, puis russe, notamment au sujet des îles Kouriles.

« Pour la première fois, nous serons en mesure d’avoir de la mobilité, ainsi qu’une capacité à déployer rapidement des forces de façon intégrée », avait expliqué le ministre japonais de la Défense, Itsunori Onodera, la semaine passée. « Si par exemple nous sommes confrontés à la menace d’un missile nord-coréen, le Japon devrait pouvoir être capable de tenter de l’abattre d’abord depuis la mer, et ensuite depuis la terre », avait-il ajouté.

« Les politiques du Japon dans les domaines militaire et sécuritaire sont liées à l’orientation de son développement national et affecteront la sécurité régionale. Compte tenu de l’attitude négative du Japon à l’égard des questions historiques, les pays asiatiques, y compris la Chine, et la communauté internationale doivent redoubler de vigilance quant aux actes du Japon », a commenté Hua Chunying, une porte-parole du minstère chinois des Affaires étrangères, en renvoyant Tokyo à son passé impérialiste des années 1930/40.

Par ailleurs, la rivalité entre la Chine et le Japon se mesure également en terme d’influence. Ainsi, lors du dernier sommet de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE), à Tokyo, Shinzo Abe a promis 20 milliards de dollars d’aide sous forme de dons et de prêts à 10 pays membres, dont certains ont des différends territoriaux avec Pékin.

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