Outre Louvois, d’autres systèmes informatiques de la Défense sont à la peine

Il y avait les ratés de Chorus qui ont ravagé la trésorerie de petites et moyennes entreprises, l’échec du Logiciel Unique Médico-Militaire (LUMM) du Service de santé des armées (SSA), les soucis pour raccorder Concerto, le système de gestion RH de l’armée de Terre au logiciel PIPER du service des pensions, et, bien évidemment les dysfonctionnements dans le paiement des soldes dus à Louvois (Logiciel unique à vocation interarmées de la solde), avec une grosse facture à l’arrivée…

Mais, visiblement, la liste ne s’arrête pas là. D’autres programmes connaissent aussi des soucis dans leur mise au point. C’est ainsi le cas de SIGALE (Système d’information pour la gestion et l’administration des licences d’exportation) de Comp@s (Système d’information logistique du milieu aéronautique) et SOURCE (Système d’information des ressources humaines ministériel), dont les dates de mise en service ont été repoussées à des jours meilleurs.

Selon un rapport du Sénat rédigé dans le cadre de l’examen du projet de loi de finances pour 2014 et portant sur le « Soutien de la politique de la défense », l’on apprend que ces trois « projets majeurs » connaissent des retards en 2013 et constituent, avec Louvois, « les 57% de projets en dépassement de délais. ».

Indispensable au traitement des demandes de licences d’exportation de matériels de guerre ou de transfert de produits liés à la défense, le programme SIGALE aurait dû être mis en service en juin 2013. Il devrait finalement l’être en janvier 2014.

Ce retard n’est rien comparé à ceux qui affectent le projet SOURCE, qui aurait dû être opérationnel en 2012… Ce sera effectivement le cas, si tout va bien, en 2016. Et son raccordement à l’ONP (Opérateur national de paye) a été repoussé jusqu’à 2018. Cela étant, le rapport explique que « les travaux de conception générale ont en effet conduit à un re-jalonnement du projet pour tenir compte du RETEX LOUVOIS et des difficultés rencontrées pour harmoniser les processus des différentes armées en amont de la conception ». En attendant, l’impact financier de ces retards est de l’ordre de 10 millions d’euros.

Destiné à la SIMMAD (Structure Intégrée de maintien en condition opérationnelle des matériels aéronautiques de la défense), le programme Comp@s aurait dû fonctionner en 2012… puis en 2013. Là encore, si tout se passe bien, ce devrait être finalement le cas au premier trimestre 2014. « La calendrier initial de réalisation était ambitieux au regard de la complexité du système. De plus, il ne prenait pas en compte les délais de fiabilisation des données, travail colossal dans le domaine des SIL, ni la mise en place d’un processus sécurisé de bascule des anciens systèmes », note le rapport.

En commission, l’un des co-rapporteur, le sénateur Joël Guerriau, a fait observer, non sans exprimer son inquiétude, que « Louvois est le révélateur de dysfonctionnements récurrents » dans ce domaine. « Les défauts dans la programmation et les retards entraînent également des accumulations de travail en phase de vérification et d’admission des prestations et donc l’obligation de faire appel à des prestataires extérieurs. La réduction des effectifs a fait exploser les besoins d’assistance externe. On estime ce poste de dépenses à 10 à 20% du coût complet des programmes », a-t-il expliqué.

Et d’ajouter : « Les phénomènes s’enchaînent et s’entretiennent : complexité des règles et des procédures, mauvaises spécifications, défaut de programmation, retards dans la réalisation, précipitation dans la mise en service, pour déboucher sur des catastrophes de grande ampleur. LOUVOIS est révélateur d’une situation endémique. Le ministère doit s’attacher à traiter simultanément les causes, le mal et ses conséquences sur le terrain ».

Cela étant, l’Hôtel de Brienne a mis en place, en 2013, une nouvelle gouvernance en matière de Systèmes d’information d’administration et de gestion (SIAG), avec la création, auprès du Secrétaire général pour l’administration (SGA), d’une délégation des systèmes d’administration et de gestion (DéSIAG).

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