L’opération Harpie n’a plus les moyens pour lutter contre l’orpaillage clandestin en Guyane

Une note du général Lambert Lucas, patron de la gendarmerie en Gyanne, est pour le moins pessimiste sur l’évolution de l’orpaillage clandestin que l’opération Harpie devait éradiquer au moment de son lancement, en février 2008.

« Il est désormais illusoire de prétendre que l’opération Harpie, dont les succès initiaux furent réels, puissent aujourd’hui s’opposer ou même contenir l’afflux massif d’orpailleurs illégaux sur le sol guyanais », écrit ainsi le général Lucas, dans ce document publié par le site d’information locale Guyaweb.

Pérennisé en 2010, l’opération Harpie, « malgré les efforts considérables produits tant au niveau de la gouvernance stratégique que sur le terrain, est en perte de vitesse face à la mobilité et l’ingéniosité d’un adversaire de mieux en mieux organisé », a encore ajouté le commandant de la gendarmerie en Guyane.

Les faits parlent d’eux-mêmes. Selon les chiffres officiels communiqués le 6 décembre, les chantiers clandestins ont pratiquement doublé, passant de 392 en 2011 à 771 deux ans plus tard. L’Office national des forêts (ONF) parle de 450 hectares détruits et de 60 km de cours d’eau pollués par le mercure, utilisé pour amalgamer l’or. Et c’est sans compter sur les chantiers d’extraction d’or primaire, particulièrement bien dissimulés, dont il est estimé que leur nombre est également en forte augmentation.

« Il est vraisemblable a minima que plusieurs centaines de chantiers illégaux d’extraction d’or primaire et secondaire de taille et de rentabilité très variables sont actuellement actifs » en Guyane, note le général Lucas, lequel estime la population d’orpailleurs clandestins à 10.000 membres.

D’après « les renseignements obtenus (…) il ressort néanmoins qu’un minimum de 150 grammes d’or mensuels par individu est nécessaire pour subsister en forêt et rendre cette activité attractive et rentable au niveau individuel. Ceci rend plausible que le volume d’or extrait illégalement du sol guyanais soit de 10 tonnes par an, soit 25 kilogrammes par jour », explique l’officier, qui souligne dans le même temps que les saisies de métal précieux faites dans le cadre de l’opération Harpie sont en « en moyenne de 10 kilos par an ».

« Au delà des démêlés récurrents de la filière légale, dont il semble évident qu’elle ne peut en aucune façon constituer seule  un rempart fiable face aux activités aurifères illégales, l’étendue considérable des atteintes à la faune et à la flore, tant au sein du Parc amazonien de Guyane qu’à l’extérieur, place la France en situation très difficile au niveau international », ajoute le général Lucas, qui déplore par ailleurs la quasi inexistance de coopération  avec les forces de sécurité brésiliennes et surinamiennes

Selon Guyaweb, 126 gendarmes mobiles affectés à l’opération Harpie ont été redéployés pour renforcer les effectifs sur le littoral guyanais. Soit « près de 27% (…) en mois sur le terrain de la lutte contre cette activité illégale ». Qui plus est, des barrages installés en 2006 ont été démantelés cette année, comme celui sur la rivière Inini, à la frontière avec le Surinam, sur laquelle navigue de nombreuses pirogues qui ravitaillent les chantiers illégaux.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]