Centrafrique : L’exécutif peine à convaincre l’opinion sur la nécessité de l’opération Sangaris

Manifestement, les explications données par le président Hollande et le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, au sujet de l’opération Sangaris, en Centrafrique, peinent à convaincre l’opinion publique françaises.

Selon un nouveau sondage de IFOP, qui avait déjà réalisé une enquête d’opinion sur ce thème la semaine passée,  l’adhésion à cette opération est passée de 51 à 44% en une 7 jours, comme le révèle le quotidien Le Parisien.

Entre les deux enquêtes menées par cet institut de sondage, le président Hollande s’est exprimé à l’antenne de France 24 et un débat – sans vote – a eu lieu au Parlement au sujet de l’intervention française en Centrafrique. Et surtout deux militaires français – les soldats de 1re classe Nicolas Vokaer et Antoine Le Quinio – du 8e RPIMa,ont été tués à Bangui dans ce qui semble bien être une embuscade.

Pour l’IFOP, cette chute de 7 points en une semaine – l’institut parle « d’effritement rapide » – s’explique par un « effet de lassitude » face aux opérations extérieures mais aussi par des motivations qui apparaissent peu évident aux yeux de l’opinion ainsi que par des réticences à engager de nouvelles dépenses en période de crise.

Cette tendance a été confirmée par une autre enquête d’opinion, réalisée cette fois par Tilder pour le compte de la chaîne d’information LCI. Selon cette dernière, 80% des personnes interrogées considèrent que « les interventions militaires ne sont pas compatibles avec les efforts budgétaires mis en place par le gouvernement ».

« Le positionnement de la France par le Président de la République comme ‘gendarme’ devant assurer la paix en Afrique après l’intervention au début de cette année au Mali n’a pas été compris par l’opinion publique », expliquent les auteurs de cette étude, qui ajoutent que « la mort au combat de deux soldats dès le deuxième jour d’intervention (ndlr, en fait le 5e) et le changement de discours sur la durée même de l’intervention ont été un facteur aggravant la mauvaise préparation de l’opinion publique à cette événement ».

Par ailleurs, selon une autre enquête réalisé par BVA pour Le Parisien, les Français doutent d’une intervention courte. Ainsi, 72% des personnes interrogées estiment que l’opération Sangaris durera beaucoup plus longtemps que les 6 mois annoncés par Jean-Yves Le Drian, le ministre de la Défense.

Ce dernier, en déplacement à Bangui le 13 décembre, a rappelé la mission des 1.600 militaires français en Centrafrique : « contribuer au rétablissement de la sécurité, enrayer la spirale d’exactions et la dérive confessionnelle qui est à l’oeuvre, permettre le retour des organisations humanitaires ainsi que le déploiement des structures étatiques de base, favoriser la montée en puissance de la Misca (Mission internationale de soutien à la Centrafrique) dans la perspective de son plein déploiement opérationnel ». Cela fait donc beaucoup à faire, et en peu de temps, qui plus est dans un pays en proie à une crise humanitaire dont la superficie est 1 fois et demie plus grande que la France.

Sans nul doute, expliquer qu’il était dans l’intérêt de la France d’intervenir en Centrafrique au lieu de se focaliser sur le rôle de gendarme (M. Ayrault le récuse mais c’est pourtant bel et bien ainsi que les Français perçoivent cette opération) aurait été plus efficace pour convaincre l’opinion. « La France défend ses intérêts, dites-le clairement M. le Premier ministre! Cela renforcera la légitimité de cette opération » avait lancé le chef de file des députés UMP à l’Assemblée lors du débat portant sur l’opération Sangaris.

Le fait est, agir pour que la Centrafrique ne devienne pas un sanctuaire pour les groupes terroristes ainsi qu’un facteur de déstabilisation des pays riverains (Tchad, Cameroun, Soudan, République démocratique du Congo) revient bel et bien à défendre les intérêts et la sécurité de la France.

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