Washington et Londres ont suspendu leur aide militaire à l’Armée syrienne libre

Le mois dernier, 7 groupes de rebelles syriens, dont certains appartenaient à l’Armée syrienne libre (ASL), bras armé de la Coalition nationale syrienne soutenue par plusieurs chancelleries occidentales, ont annoncé leur fusion et la création d’un « Front islamique », dont l’objectif est « de renverser le régime (de Bachar al-Assad) et le remplacer par un Etat islamique juste ».

Cette nouvelle entité, forte de 50.000 combattants, regroupe surtout des islamistes et des salafistes, dont la plus importante brigade d’Alep, Liwa al-Tawhid, laquelle venait de perdre son chef, Abdel Qader Saleh, qui, proche des Frères musulmans, avait été tué lors d’un raid de l’armée régulière. La rébellion syrienne compte également le Front al-Nosra et l’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), émanations d’al-Qaïda dans le pays, avec des combattants étrangers dans rangs.

Après cette fusion de groupes rebelles, que reste-t-il de l’Armée syrienne libre (ASL)? Eh bien pas grand chose… Et encore moins depuis qu’elle a perdu le contrôle, au profit dui Front islamique, de ses dépôts d’armes alimentés en partie par l’aide militaire occidentale, consistant, officiellement, en des équipements « non létaux » ainsi que le passage clé de Bab al-Hawa, à la frontière turco-syrienne.

Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme, généralement bien informés sur la situation en Syrie, a indiqué que des dizaines de missiles antichar et antiaériens seraient désormais dans les mains des combattants du Front islamique.

Du coup, Londres et Washington ont annoncé, le 11 décembre, la suspension de leurs livraisons de matériels militaires (non létaux) à l’ASL.  » Ce qui s’est passé pose un gros problème et nous allons devoir voir comment le gérer avec le général Idriss (ndlr, le chef de l’ASL) et l’opposition modérée », a expliqué Chuck Hagel, le secrétaire américain à la Défense. Quant à la France, il n’est pour le moment pas question de prendre une telle décision, au motif qu’aucun équipement qu’elle avait livré n’était tombé entre de mauvaises mains.

Seulement, le pillage des dépôts d’une ASL qui se réduit comme peau de chagrin et qui n’est plus en mesure de s’opposer à la fois aux radicaux islamistes et aux troupes de Bachar el-Assad, donne de l’eau au moulin à tous ceux qui avaient mis en garde contre la livraison d’armes à son intention, leur crainte étant de voir ces dernières finir entre les mains des salafistes et autres jihadistes…

Au passage, l’on notera que jusqu’à un passé récent, l’ASL comptait dans ses rangs des gens qui se moquaient éperdument de la laïcité et de la démocratie… A tel point qu’ils ont rejoint le Front islamique qui a clairement fait savoir qu’il ne voulait pas en entendre parler!

Alors que, sur le terrain, les forces régulières, aidées par des éléments du Hezbollah ou venus d’Iran et d’Irak, reprennent progressivement la main, les plusieurs pays européens s’inquiétent de la présence en Syrie de 1.500 à 2.000 jeunes venus du Vieux Continent (dont environ 400 Français) pour combattre aux côtés du Front al-Nosra ou des groupes salafistes. Certains vont jusqu’à plaider, désormais, pour une reprise de la coopération sécuritaire avec les services de Bachar el-Assad.

Ce dernier avait lié, lors d’un entretien accordé au Figaro, en septembre dernier, ce type de coopération avec la reprise des relations diplomatiques. Selon le même journal, cette exigence a été récemment rappelée à des membres d’un service français de renseignement, partis à Damas pour évoquer ce dossier. « D’accord, leur a-t-on dit, mais à condition que vous rouvriez votre ambassade ». Une exigence jugée inacceptable – pour le moment – par Paris.

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