Le patron d’EADS veut un financement et un calendrier pour développer un drone européen

Les 19 et 20 décembre prochains se tiendra un sommet européen qui abordera les questions de défense. Pour le patron d’EADS, Tom Enders, il s’agit-là d’une occasion de faire émerger le projet d’un drone militaire européen. C’est ce qu’il a plaidé lors d’un entretien accordé au quotidien économique The Financial Times, ce 13 décembre, sans pour autant montrer un optimisme débordant quant à une issue favorable à ce projet.

« C’est aux dirigeants politiques de décider s’il est important pour l’Europe de posséder sa propre industrie de la défense », a-t-il ainsi affirmé. « Est-ce important ou est-ce que (le drone) est une matière première fabriquée un peu partout dans le monde et dont on peut dire ‘OK, je peux l’acheter aux Etats-Unis, en Israël ou pourquoi pas, dans quelques années en Asie?' », a-t-il ajouté.

Le groupe européen, via sa filiale Cassidian, s’est associé à Dassault Aviation et à Alenia pour proposer un drone MALE (Moyenne Altitude Longue Endurance) à l’horizon 2020, sur la base du projet Talarion, abandonné, faute de financements, en 2012. Le développement d’un tel appareils coûterait 1 milliard d’euros et le prix unitaire dépendrait du nombre de commandes. Il ne reste plus qu’à avoir un donneur d’ordres unique, qui parlerait au nom des autres. Mais pour cela, faut-il encore que les clients potentiels se mettent d’accord sur leurs besoins.

Aussi, pour Tom Enders, le prochain sommet européen devrait permettre d’obtenir un accord sur le financement d’un tel programme ainsi que sur un calendrier. Le souci est que plusieurs pays du Vieux Continent ont déjà fait leur choix en faveur du drone MQ-9 Reaper américain, lequel va rester en service pendant un bon moment… Et il y a des chances que les seuls crédits que la filière aéronautique pourraient obtenir soient décidés pour « encourager » les activités de recherche et de développement, ce qui donnera certes du grain à moudre pour les bureaux d’étude.

« J’espère que nous verrons des initiatives concrètes et pas seulement une déclaration faite de belles paroles », a lancé Tom Enders. Car pour lui, il est à craindre une détérioration de la base industrielle de défense européenne, en raison de la baisse des dépenses militaires consenties par les Etats-membres (-10% depuis 2006).

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