Guyane : Deux gendarmes blessés lors de l’arraisonnement d’une tapouille brésilienne

Il n’y a pas que l’orpaillage clandestin qui pose problème en Guyane. La pêche illégale aussi, avec des embarcations venues du Brésil et du Surinam qui viennent dans les eaux territoriales françaises pour y poser leurs filets. Et cela n’est pas sans créer des tensions avec les pêcheurs guyanais, lesquels n’hésitent pas à parler de « pillage » des ressources halieutiques.

Bien évidemment, la Marine nationale et la gendarmerie maritime, avec leurs faibles moyens sur zone, mènent des opérations de contrôles des navires illégaux, dont les capitaines sont passibles de peine de prison ferme. En 2012, 52 tonnes de poissons ont ainsi été saisies à bord de 42 embarcations clandestines.

Seulement, les opérations d’abordage des navires illégaux ne sont pas sans risque. « De plus en plus souvent, les capitaines des tapouilles refusent les contrôles. Les pêcheurs se protègent avec leurs propres filets et nous jettent divers projectiles afin de contrer les équipes de visite chargées des contrôles d’usage », expliquait, en avril dernier, le major Bernard Lecomte, le commandant de la vedette Mahury, basée à Cayenne.

L’abordage du Santa Rosa I, le 9 décembre, en est un exemple. Ce jour-là, cette tapouille « mère » a été repérée à quelques milles à l’intérieur de la zone maritime française, dans la cadre d’une opération relativement importante contre la pêche illégale, mobilisant le patrouilleur P-400 La Gracieuse, la vedette de gendarmerie Organabo, la frégate de surveillance Ventôse, habituellement basée à Fort-de-France et 4 hélicoptères (1 Puma, 1 Alouette III, 1 Fennec et 1 Ecureuil).

Avec ses 11 marins à bord, le Santa Rosa I n’est pas inconnu : au cours des 12 derniers mois, il a été verbalisé à 15 reprises sans avoir été arraisonné, a précisé le préfet Eric Spitz… L’occasion s’est alors présentée pour enfin l’aborder. Seulement, son équipage a opposé une ferme résistance puisque que les 19 gendarmes groupe des pelotons d’intervention ayant reçu l’ordre de faire stopper les moteurs de la tapouille  ont été accueilli à coups de sabre et par des jets de divers objets. Bilan : 2 militaires et 4 pêcheurs brésiliens blessés. Tous ont été évacués par hélicoptère vers l’hôpital de Cayenne.

A bord du Santa Rosa I, il a été trouvé 6 tonnes de poissons pêchés illégalement. La cargaison a été jetée à la mer et le bateau devrait être détruit dès qu’il sera arrivé à la base navale de Dégrad des Cannes.

Selon le procureur de la République, deux enquêtes ont été ouvertes : l’une concernant les violences dont ont été victimes les gendarmes, l’autre pour les « violences faites par des agents de la force publique sur deux marins blessés par balles.

Depuis le début de cette année, 31 navires illégaux ont été arraisonnés et autant de « capitaines » traduits en justice, dont 8 ont été condamnés à des peines de prison ferme. D’après une étude de l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (IFREMER), publiée en juin 2012, il est estimé qu’environ 200 d’embarcations clandestines venues principalement du Brésil et du Surinam ont pêché entre 4.000 et 8.000 tonnes de poissons en 2010 et 2011 dans les eaux guyanaises, soit plus que les pêcheurs locaux (3.000 tonnes avec une centaine de bateaux sous licence).

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