M. Le Drian se dit favorable à exclure les dépenses liées aux opérations extérieures dans le calcul du déficit public

Dans le cadre de son budget pour 2013, le ministère de la Défense avait prévu d’allouer 630 millions d’euros pour financer les surcoûts des opérations extérieures. Une somme largement insuffisante car ces derniers devraient dépasser 1,257 milliard d’euros, opération Serval au Mali oblige. D’où le recours à la réserve de précaution ministérielle (les armées y contribuent pour 650 millions), à hauteur de 578 millions d’euros, pour couvrir ces dépenses imprévues.

Au Mali, si certains pays européens ont soutenu l’opération Serval en accordant de (maigres) moyens logistiques, il n’en reste pas moins que les forces françaises ont été en première ligne. Et alors même qu’il s’agissait d’éradiquer un foyer terroriste susceptible de porter atteinte à la sécurité des Etats membres de l’Union européenne. Quant à la Centrafrique, où se déroule actuellement l’opération Sangaris, c’est exactement la même chose.

« L’intervention française en soutien aux forces africaines au Mali a sauvé le pays des dangers de la désintégration et de la guerre civile. Cela a aussi permis d’éviter la déstabilisation de toute la région. Et aujourd’hui, l’intervention française en République centrafricaine est clé. Nous ne pouvons pas laisser des pays, et surtout des hommes, femmes et enfants, tomber victimes de la non-gouvernance, des groupes terroristes ou criminels qui profitent de la faiblesse des structures étatiques. La France démontre ainsi ses relations fortes avec les Etats d’Afrique. Elle est aussi, souvent, précurseur ou leader des actions européennes », a affirmé Herman Van Rompuy, le président du Conseil européen, le 7 décembre. Ce dernier peut bien utiliser la 1ère personne du pluriel… mais au final, c’est bel et bien les forces françaises qui font le travail…

D’où l’idée de « sortir » de la limite des 3% de déficit imposée par la Commission eurpéenne les dépenses réalisées au titre des opérations extérieures. Député UMP et ancien ministre de l’Agriculture, Bruno Le Maire aurait fait cette proposition (ndlr, on n’a pas retrouvé la trace de cette proposition). Invité du Grand Jury RTL/LCI/Le Figaro, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a dit « partager ce point de vue ».

« La France participe à la sécurisation de l’Europe. A ce titre, il serait donc logique que ces modérations financières puissent être exclues des calculs de déficit minimum européen », a-t-il affirmé. « D’autant que, en dehors de la France, qui est capable en Europe de mener ce type d’opération? », a-t-il demandé. Et de répondre : « La Grande-Bretagne, la France et peut-être les Allemands, mais à part ça, très peu de pays ». En tout cas, a-t-il poursuivi, « l’idée est bonne, mais nous n’y sommes pas ».

Reste à voir comment serait accueillie une telle demande faite par Paris. Dans le fond, l’on pourrait faire valoir que la France devrait imiter les Etats-Unis ou le Royaume-Uni, c’est à dire profiter d’une opération extérieure pour pousser ses entreprises à obtenir des marchés liés à la reconstruction ou à la stabilisation, le plus souvent financés par les Nations unies ou l’Union européenne. Cet aspect avait été mis en lumière dans un rapport parlementaire publié en juillet 2009.

Sauf que l’approche française en la matière est de favoriser les entreprises du pays où a eu lieu l’intervention afin de remobiliser le tissu économique local, ce qui contribue à la stabilisation.

Cela étant, dans le cadre de l’examen du projet de Loi de programmation militaire 2014-2019, le gouvernement a fait adopter un amendement qui visera à demander, lors du conseil européen dédié aux affaires de défense, l’extension du mécanisme Athena, qui permet de faire partager aux Etats membres le coût des opérations militaires menées seulement dans le cadre de l’Union européenne.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]