Al-Qaïda a revendiqué un attentat meurtrier contre les forces armées yéménites

Le 5 décembre, un attentat suicide, suivi d’échanges de tirs, a visé un immense complexe abritant le ministère yéménite de la Défense, à l’entrée de la vieille ville de Sanaa. Le bilan est de 52 tués et 167 blessés.

L’attaque a été déclenchée lorsqu’un kamikaze a lancé sa voiture piégée contre les grilles protégeant le complexe. Ensuite, des hommes armés s’y sont introduits et ont attaqué un hôpital militaire situé à l’intérieur de l’enceinte. Selon les responsables de la sécurité, les assaillants étaient entre 16 et 25. Au moins 11 ont été neutralisés.

Cet attentat spectaculaire a été revendiqué, le lendemain, par Ansar al-Charia, un groupe affilié à al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA), sans doute la branche du réseau fondé par Oussama Ben Laden la plus dangereuse, en expliquant qu’il s’agissait d’une opération de représailles en réponse aux tirs de drones.

Le ministère de la Défense a été « pris d’assaut jeudi (…) après que les moudjahidines ont prouvé qu’il héberge des salles de contrôle pour les drones et des experts américains », a expliqué le groupe. « De tels quartiers généraux, en collaboration avec les Américains dans leur guerre contre les musulmans, sont une cible justifiée « , a-t-il ajouté.

Sauf que la cible était un centre hospitalier militaire… Ce qui, en passant, est proscrit par la Convention de Genève. Ce qui montre bien, s’il en était besoin, que les terroristes d’al-Qaïda s’en moquent.

« Les assaillants ont extrait de force un médecin occidental et une infirmière philippine qui travaillaient dans l’hôpital et les ont abattus devant le personnel de l’établissement », a rapporté l’agence Reuters, citant des témoins de la scène. Deux praticiens allemands font partie des victimes, de même que deux Vietnamiens.

La situation au Yémen est des plus compliquée, avec une rébellion houthiste (branche du chiisme) au nord et des tensions séparatistes au sud, sur fond d’affaiblissement de l’Etat. Là-dessus est venu se greffer al-Qaïda, avec, dit-on la passivité relativement bienveillante de l’ancien président Ali Abdallah Saleh, qui se serait appuyé sur des jihadistes « repentis » pour mener des opérations contre les chiites et les indépendantistes sudistes. Cela ne serait pas surprenant : Bachar el-Assad a fait la même chose, mais pour d’autres raisons, avec les membres de la mouvance d’al-Qaïda…

Aussi, le chercheur yéménite Saeed al-Jamhi, n’a pas hésité à pointer la responsabilité de l’ex-président Saleh. Selon lui, l’attaque contre le complexe du ministère de la Défense montre le « niveau d’infiltration du réseau (al-Qaïda) dans les services de sécurité et de l’armée » au Yémen. Et l’ancien chef de l’Etat et ses proches auraient pu fournir « membres d’al-Qaïda des informations sur la logistique nécessaire ».

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