Le successeur du système Louvois devra être prêt en 2015

« Absurdité », « folie », « désastre »… Le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, n’a pas ménagé ses critiques à l’égard du système de paiement des soldes Louvois (Logiciel unique à vocation interarmées de la solde), responsable d’innombrables dysfonctionnements dans le paiement des salaires dus aux militaires.

En déplacement au 93e Régiment d’Artillerie de Montagne (RAM) de Varces, le ministre est donc revenu sur les errances de ce système et donné la marche qu’il entend suivre pour trouver son successeur, étant donné que, comme il l’avait indiqué la semaine passée sur les ondes d’Europe1, il n’est pas possible de le corriger.

« Si nous sommes en mesure d’apporter des améliorations au système Louvois, au prix d’une très forte mobilisation des équipes, ce systume ne fonctionnera jamais correctement. Le logiciel connaît des dysfonctionnements majeurs et il continuera d’en connaître », a-t-il expliqué, ce 3 décembre.

Après avoir rappelé le plan de mesures adopté en urgence l’an dernier, M. Le Drian a une nouvelle fois affirmé son refus d’établir les responsabilités dans ce fiasco, comme certains le demandent. « Ce souhait, je l’ai partagé longtemps. Mais je me suis rendu compte qu’il n’était pas possible d’idenfier les individus responsables, sauf à désigner des bouc-émissaire, tant l’organisation de Louvois a dilué les responsabilité », a-t-il fait valoir. « L’échec est donc collectif, et tous en portent une part », a-t-il insisté.

Puisque Louvois sera abandonné, il faudra lui trouver un successeur… « Le cahier des charges est simple : payer à l’ensemble des militaires, en temps et en heure, ce que nous leur devons », a affirmé le ministre. Mais c’est une « tâche d’une très grande complexité », a-t-il admis.

Premier point, et « pour ne pas reproduire aucune des erreurs du passé », le développement du nouveau système sera confié « à des grands professionnels, à la fois des experts du domaine mais aussi des animateurs d’outils éprouvés », a déclaré M. Le Drian. « Le temps de la ‘fabrication maison » est terminé », a-t-il lancé. « Il est temps de s’adresser à ceux qui mettent en place ce type de systèmes au quotidien dans les plus grandes entreprises ou les plus grandes administrations », a-t-il poursuivi. Comme Steria?

Ces professionnels seront mis en compétition. Durant un an, ils auront à concevoir un « prototype grandeur nature », c’est à dire, a précisé le ministre, « une solution que l’on pourra mettre à l’épreuve du réel sur une population significative du ministère, avant tout lancement ». Seulement, le délai est court. Et M. Le Drian l’a d’ailleurs reconnu… Mais le ministère de la Défense n’a apparemment pas le choix.

La tâche qui attend ces « professionnels » sera très compliquée. Ils « devront étudier notre système actuel, le disséquer, et proposer une solution qui puisse prendre en compte les données complexes renseignées par les gestionnaires, en déduire une solde qui soit juste », a ajouté le ministre. Qui plus est, et c’est normal, ils seront « tenus à une obligation de résultat ». « Nous n’allons pas leur dire comment faire, comment concevoir et programmer ce nouveau système. C’est leur travail. Nous allons en revanche leur dire ce que nous en attendons, quel est notre besoin », a-t-il ajouté.

Dans le même temps, M. Le Drian a annoncé une simplification du système de rémunérations des militaires, qu’il juge « trop complexe ». « Nous le ferons dans la concertation et l’esprit de responsabilité qui doit animer la maison Défense », a-t-il dit. « Notre intérêt à tous, c’est ne pas entretenir un écosystème qui résulte de l’empilement, au cours des années, de couches successives de complexités. 174 primes et indemnités différentes, autant de manières différentes d’interpréter, de renseigner et de traiter les données RH qu’il y a d’armées et de services, cela n’a pas de sens et nous allons y remédier ensemble », a-t-il justifié.

Enfin, le plus important est la façon dont sera géré ce projet. Comme annoncé sur Zone Militaire, il reviendra à la Direction générale de l’armement (DGA) de s’en occuper. Une ingénieure générale de l’armement a d’ores et déjà été désignée, de même qu’un officier de programme, « expert fonctionnel de haut-niveau de la DRH-MD (ndlr, direction des ressources humaines du ministère de la Défense) ».

« C’est ce binôme, entouré d’une équipe d’experts dans les domaines techniques comme fonctionnels, qui animera le dialogue compétitif et fera naitre la solution technique avec le prestataire. Cette méthode de conduite de projets a fait ses preuves depuis longtemps dans la conduite des programmes d’armement. C’est elle qui nous a par exemple permis de construire le porte-avions, le Rafale et le Tigre. Elle devrait donc arriver à produire un système de solde qui fonctionne », a expliqué M. Le Drian.

Ainsi, le ministre estime qu’un prototype sera prêt en 2014. « Je reviendrai à Varces pour vous le présenter », a-t-il annoncé. « L’objectif est que, dès 2015, une première armée bascule dans ce nouveau dispositif (…) en maintenant une double commande jusqu’à ce que le nouveau système ait fait ses preuves », a-t-il déclaré.

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