La marine belge visée par une plainte de 3 rescapés d’un naufrage au large de la Libye

Lors de l’opération Unified Protector, menée en 2011 sous commandement de l’Otan en Libye, une embarcation avec 74 migrants à bord, partie de Tripoli, avait dérivé pendant 10 jours en Méditerranée. Bien qu’un appel au secours avait été lancé via téléphone satellitaire à un prêtre érythréen établi à Rome, 63 occupants du Zodiac périrent, faute d’eau et de nourriture.

Pourtant, l’alerte fut transmise à un centre de coordination des secours (MRCC) italien, lequel avait ensuite prévenu l’Otan de l’existence d’une embarcation en difficulté. Selon les témoignages des 11 survivants, un hélicoptère l’aurait survolée et un « bâtiment imposant » s’en serait même approché.

Cette affaire fit l’objet d’un rapport de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE), qui, rédigé par l’élue néerlandaise Tineke Strik, chercha à établir les responsabilités dans ce drame. Seulement, le document ne put que formuler des hypothèses.

Quoi qu’il en soit, suite à la publication de ce rapport, plusieurs organisations non gouvernementales, dont le Groupe français d’information et de soutien des travailleurs immigrés (Gisti), déposèrent une plainte contre la marine française, en avril 2012, pour « non assistance à personne en danger ».

La raison avancée était que l’armée française ne pouvait que répérer les migrants en danger, étant donné qu’elle avait déployé d’importants moyens dans la zone, dont le porte-avions Charles de Gaulle. Ce dernier fut même accusé par un journal britannique d’être le fameux navire imposant évoqué par les rescapés. La plainte fut classée sans suite. Mais une autre fut déposée en juin dernier, cette fois par la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH). Et avec constitution de partie civile.

Pourtant, la position du Charles de Gaulle au moment des faits ne correpond pas aux témoignages des migrants et, selon le rapport de l’APCE, plusieurs navires se trouvaient beaucoup plus près de leur embarcation, comme la frégate espagnole Mendez Nunez ou encore le patrouilleur italien « Commandant Borsini », qui n’était alors pas intégré à l’opération Unified Protector. Qui plus est, détail qui n’en peut-être pas un pour les plaignants, les rescapés n’ont jamais fait état de l’escorte du porte-avions français…

Cela étant, la France n’a pas été le seul pays de l’Otan à être visée par une procédure judiciaire : l’Espagne et l’Italie le sont également. De même que, et c’est plus récent, la Belgique.

En effet, le 25 novembre, à Bruxelles, une plainte contre X avec constitution de partie civile a été déposée devant un juge d’instruction pour « crime de guerre et non assistance à personne en danger » au nom de 3 Ethiopiens rescapés du naufrage.

L’avocate de ces derniers, Me Véronique van der Plancke, a précisé que cette procédure vise ni plus ni moins « les hauts responsables de la marine belge et le commandant » du chasseur de mines tripartite BNS Narcis, dont « divers éléments » tendent à démontrer qu’il pourrait être cet important navire décrit par les survivants du Zodiac, comme « la description du drapeau, des fragments de langue française entendus par les témoins »…

Reste que cet imposant bâteau dont il est question dans cette affaire ne cesse de diminuer en taille. Des 261 mètres du porte-avions Charles de Gaulle, on passe aux 146,7 mètres et aux 5.800 tonnes de déplacement de la frégate Mendez Nunez, puis aux 51,50 mètres (560 tonnes de déplacement) du chasseur de mines tripartite BNS Narcis…

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