La DGSE a-t-elle cherché à éliminer le prêcheur radical Abou Hamza à Londres?

L’imam radical Abou Hamza, qui, jusqu’en 2004, officiait à la mosquée de Finsbury Park, à Londres, où il s’était fait remarquer par ses prêches appelant au jihad contre l’Occident, est actuellement aux Etats-Unis, où il a été extradé en 2012 après 7 ans de procédures judiciaires. Il devra répondre, au cours de son procès, prévu en mars prochain, de 11 chefs d’inculpation en lien avec des activités terroristes.

Surnommé « capitaine Crochet » à cause de son oeil et de sa main perdus pendant la guerre contre les Soviétiques en Afghanistan, cet égyptien d’origine naturalisé avait été arrêté en mai 2004, à Londres, après avoir longuement abusé de la tolérance des autorités britanniques.

Ces dernières auront mis du temps avant de fermer la mosquée de Finsbury Park, décrite alors comme un nid de jihadistes. Plusieurs terroristes l’auront fréquentée, dont Richard Reid, impliqué dans la tentative d’attentat contre le vol Paris-Miami en décembre 2001 ou encore le français Zacharias Moussaoui, condamné à la prison à vie aux Etats-Unis pour sa participation aux attentats du 11 septembre.

Bien avant ces évènements, Habou Hamza aurait été dans le collimateur de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) pour ses liens avec le Groupe islamique armé (GIA) algérien, impliqué dans une vague d’attentats ayant frappé la France en 1995.

En 2006, le quotidien The Times avait affirmé que le service français aurait cherché à enlever le prédicateur avant l’ouverture de la coupe du monde de football. Et cela sur la foi des déclarations faites par un certain Reda Hassaine, un journaliste algérien « multicartes » puisqu’il aurait été correspondant des services de son pays, de la DGSE et du MI-5.

A deux journalistes britanniques, Hassaine, qui s’étaint infiltré dans la mouvance jihadiste du « Londonistan », avait confié que son officier traitant, un certain « Jérôme », lui avait expliqué qu’une équipe de la DGSE s’apprêtait à « surprendre » Abou Hamza à la sortie de sa maison de Shepherd’s Bush, dans l’ouest de Londres, pour le conduire ensuite à Douvres afin de l’embarquer à bord d’un ferry français.

Bien évidemment, les autorités françaises démentirent catégoriquement tout projet de cette sorte, même si, au Boulevard Mortier, l’on confirma avoir bien été en contact avec Reda Hassaine, décrit comme étant un homme « prolixe dont les propos sont toujours composés d’un peu de vrai et de beaucoup de faux ». Et pour cause : il aurait été inenvisageable pour les autorités françaises de faire enlever un sujet britannique – Abou Hamza s’était fait naturaliser – au Royaume-Uni pour ensuite le juger en France.

En outre, Paris s’intéressait alors davantage à Rachid Ramda qui, pour le coup, avait été le financier des attentats de 1995. Or, ce dernier avait trouvé refuge à Londres. Ce n’est qu’en 2005 que les autorités britanniques autorisèrent sont extradition vers la France, où il fut condamné la prison à perpétuité, avec une peine de sûreté de 22 ans.

Dans ces conditions, quel crédit doit-on donner aux dernières « révélations » faites par le groupe de pression britannique anti-raciste et anti-fasciste « Hope not hate » et reprises par plusieurs journaux d’outre-Manche?

Cette fois, l’enlèvement d’Abou Hamza n’aurait été qu’un « plan B », l’objectif initial prêté à la DGSE étant d’assassiner le prêcheur radical. Ce projet aurait été établi par Paris en raison de l’exaspération provoquée par la passivité britannique à l’égard des militants jihadistes implantés dans le « Londonistan ».

Le scénario décrit par Hope not hate est machiavélique. Le projet d’assassiner Abou Hamza aurait été confié à la cellule Draco de la DGSE. L’idée était d’en faire porter la responsabilité à un groupe néo-nazi britannique appelé Combat 18, tout d’abord envoyant de fausses menaces de mort au prédicateur, puis en le tuant avec une arme censée être utilisée par ce groupuscule.

Sur quelles sources ce groupe de pression se base-t-il pour faire ce type de révélation? Mystère. S’il est possible qu’une telle action ait été envisagée par les services français, en revanche, il ne pouvait être question de la mettre à exécution pour des raisons diplomatiques évidentes…

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