Le TCD Siroco et le pétrolier-ravitailleur Meuse seront retirés du service en 2015

En 2014, la Marine nationale va devoir supprimer 650 postes, dont 88 d’officiers, « presque tous identifiés », selon son chef d’état-major (CEMM), l’amiral Bernard Rogel. La manoeuvre est délicate dans la mesure où il devient de plus en plus compliqué pour la Royale de réduire son format alors que s’empilent les réformes et que la logique de rationalisation a été poussée au maximum. En clair, après avoir fait fondre le muscle, on attaque l’os…

Résultat, pour fournir les efforts supplémentaires qui lui sont demandés dans le cadre de la Loi de programmation militaire (LPM) 2014-2019, le CEMM a décidé de retirer du service plusieurs navires.

« J’ai d’ores et déjà pris la décision de retirer de façon anticipée deux bâtiments de la liste de la flotte, le transport de chaland de débarquement Siroco et le pétrolier ravitailleur Meuse, conformément au Livre blanc. Ces retraits du service actif auront lieu en 2015, afin de permettre la manoeuvre des ressources humaines associée », a-t-il expliqué aux sénateurs de la commission des Affaires étrangères et de la Défense. « D’autres désarmements interviendront par la suite, dont des bâtiments anciens qui seront remplacés par d’autres à équipages réduits, notamment les frégates multi missions (FREMM) », a-t-il poursuivi.

Et l’amiral Rogel d’ajouter : « Nous continuons à réfléchir à la suite, dans le cadre plus large des analyses fonctionnelles à l’échelle du ministère demandées par le ministre. Mais ne vous leurrez pas : les rationalisations et regroupements ont déjà eu lieu et tout effort supplémentaire reviendrait encore à attaquer, d’une manière ou d’une autre, les forces opérationnelles ».

Ces annonces ne constituent pas réellement une surprise : la LPM prévoit en effet le désarmement d’un navire amphibie, en l’occurrence le TCD Siroco, lequel devrait être vendu à marine étrangère, comme le TCD Foudre, cédé au Chili pour 60 millions d’euros environ, et la mise en réserve d’un pétrolier-ravitailleur en cas d’avarie grave sur l’un des trois autres (des Bâtiments de commandement et de ravitaillement – BCR), ce qui est à craindre « compte tenu de leur grand âge ».

Le rapport annexé au projet de la LPM indique par ailleurs que le programme FLOTLOG (flotte logistique) « destinée à remplacer les actuels pétroliers ravitailleurs polyvalents et autres bâtiments de soutien comportera 3 unités, dont la première sera commandée en fin de période », c’est à dire vers 2018-2019.

Dans le cadre de ce programme, évalué à 2 milliards d’euros, DCNS développe le « Bâtiment ravitailleur d’escadre » (Brave), en association avec STX France. L’industriel a déjà obtenu, en septembre 2012, un contrat d’études amont à cette fin.

Par ailleurs, et toujours dans le domaine des équipements, l’amiral Rogel a fait part de plusieurs « préoccupations » aux sénateurs, comme celle concernant la question des  Bâtiments de soutien et d’assistance hauturiers (BSAH), qui aurait dû être tranchée en 2013 et qui attend toujours de l’être.

Ces navires « répondent pourtant à un besoin opérationnel avéré pour accompagner les sous-marins ou remorquer les bâtiments de très grande taille mais aussi dans le cadre de missions de l’action de l’État en mer telles que l’assistance maritime, les sauvetages ou la lutte anti-pollution. Il y a donc urgence à trouver rapidement une solution pour remplacer nos très vieux bâtiments de soutien dont aucun ne pourra être prolongé au-delà de 2017 », a expliqué le CEMM.

Autre sujet d’inquiétude : le programme BATSIMAR (Bâtiments de surveillance et d’intervention maritime), destiné à remplacer, notamment, les patrouilleurs P-400, lesquels ont une « un âge avancé » et qui « devront être prolongés du fait du décalage de 2014 à 2024 de la livraison du premier exemplaire » de leur successeur. « C’est un facteur de risque, je ne vous le cache pas », a averti l’amiral Rogel.

« Je suis(…) préoccupé dans la mesure où les futurs bâtiments de surveillance et d’intervention maritime (BATSIMAR) ne remplaceront pas tout de suite les patrouilleurs de surveillance des pêches et les patrouilleurs de haute mer, eux aussi vieillissants, et sur lesquels le risque d’avarie est grand », a-t-il encore insisté.

Enfin, l’année 2014 sera difficile pour d’autres programmes n’ayant pas la même visibilité mais qui sont tout aussi nécessaires pour assurer la cohérence opérationnelle, comme par exemple ceux concernant les bouées de détection sous-marine ou encire les engins portuaires.

« A l’instar des équipements d’accompagnement pour le programme 178, ces matériels engagent directement les capacités des forces aéromaritimes à réaliser leurs missions. Il s’agira d’y porter une attention toute particulière », a fait valoir le CEMM.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]