Le nouveau chef du mouvement taleb pakistanais sera finalement le mollah Fazlullah

Le 1er novembre dernier, la route du chef du mouvement taleb pakistanais (TTP, Tehreek-e-Taliban), Hakimullah Mehsud, a rencontré celle d’un missile tiré vraisemblablement par un drone américain. Il s’en est suivi une situation confuse sur le nom de son successeur. Dans un premier temps, le nom de Khan Said ‘Sajna’, son second, a été avancé. Puis cette information a rapidement été démentie.

Finalement, c’est le mollah Fazlullah, le responsable taleb de la vallée de Swat, qui a été désigné par ses pairs pour remplacer Hakimullah Mehsud, à qui une proposition de cessez-le-feu avait été adressée par Islamabad, après plus de 5 ans d’attentats sanglants.

Surnommé le mollah FM pour ses prêches et ses récitations des versets du Coran sur les ondes d’une radio pirate, Fazlullah est appartient à l’aile dure du TTP (si si, c’est possible). C’est dans le vallée de Swat, jadis prisée par les touristes, qu’il a fait parler de lui. Tout d’abord en y faisant appliquer la charia après y avoir établi une administration parallèle en 2007, grâce à sa milice, la Shaheen brigade (la brigade des martyrs).

En 2009, sous pression américaine (et aussi parce que les taliban s’approchaient d’un peu trop près d’Islamabad), l’armée pakistanaise l’avait chassé de Swat. Lui et ses hommes trouvèrent refuge en Afghanistan, d’où ils menèrent des actions coup de poing contre les postes et les villages pakistanais frontaliers. Il se dit que Kaboul ferma les yeux, histoire de rendre la monnaie de leur pièce aux service pakistanais, qui, eux, de leur côté, sont accusés de soutenir discrètement les taliban afghans…

Plus récemment, le mollah Fazlullah serait à l’origine de la tentative d’assassinat de Malala Yousafzai, une adolescente pakistanaise alors âgée de 15 ans qui milite pour la scolarisation des jeunes filles au Pakistan… C’est dire l’ouverture d’esprit du type!

Quoi qu’il en soit, le choix de Fazlullah par les responsables du TTP a sans doute été facilité par l’élimination de deux importants chefs de cette organisation, qui s’en disputaient le contrôle, à savoir Hakimullah Mehsud et Walu Ur-Rehman.

En tout cas, la désignation de Fazlullah à la tête du TTP ne risque pas de ramener le calme au Pakistan. Le 8 novembre, le mouvement a annoncé qu’il lancera une nouvelle vague d’attaques contre le gouvernement pakistanais.

« Nous allons prendre les forces de sécurité pour cible, les installations du gouvernement, les dirigeants politiques et la police », a ainsi affirmé un porte-parole du TTP. La veille, un autre avait affirmé que le mollah Fazlullah était « contre les pourparlers de paix ». Et d’expliquer que l’organisation de ces derniers « ne fait même pas l’enjeu d’un débat car ce gouvernement n’a aucune autorité, ce n’est pas un gouvernement souverain mais un gouvernement esclave des Etats-Unis. Des pourparlers de paix sont une perte de temps. »