Le Pentagone veut moderniser la bombe nucléaire B-61

Après le retrait des bombes nucléaires B-53 – la dernière a été démantelée en octobre 2011 -, il se pose la question de la modernisation de la B-61, développée dans les années 1960 et actuellement en dotation sous différentes variantes au sein de l’US Air Force. De son maintien en service dépend l’avenir de la composante aéroportée de la dissuasion américaine, laquelle repose également sur des missiles balistiques tirés depuis des sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE) et des silos.

Aussi, pour l’US Air Force, la modernisation des B-61 est indispensable. Elle est « la seule arme de notre arsenal qui remplisse à la fois des missions tactiques et stratégiques », a ainsi fait valoir, lors d’une audition devant un comité de la Chambre des représentants, le général Robert Kehler, le chef de l’US Strategic Command.

Quatre types de B-61 sont en service, leur puissance pouvant aller de 0,3 à 360 kilotonnes. Environ 180 exemplaires sont stockés dans des bases de l’Otan situées en Europe, ce qui ne va pas d’ailleurs sans poser quelques problèmes. En 2010, l’Allemagne, la Belgique, la Norvège, les Pays-Bas et le Luxembourg avaient ainsi demandé leur retrait.

L’enjeu de cette modernisation est de fusionner ces différentes versions pour n’en disposer plus qu’une, à savoir la B61-12, laquelle serait dotée d’un kit de guidage pour la rendre en encore plus précise.

« Conjuguée avec le retrait futur du service de la bombe B83, la plus puissante de l’arsenal américain, cette modernisation doit permettre de diviser par six la quantité totale de matière fissile contenue dans les bombes larguées par avion », a expliqué Donald Cook, le directeur adjoint de l’Administration de sécurité nucléaire (NNSA). Ce qui permettrait, selon Madelyn Creedon, chargée des affaires stratégiques au Pentagone, de « réduire le nombre total d’armes nucléaires ».

Seulement, le coût de cette opération, évalué à 4 milliards de dollars il y a deux ans, a été revu nettement à la hausse puisqu’il est désormais question de 8,1 milliards, voire même entre 10 et 12 milliards. Cette inflation, en ces temps de disette budgétaire, a du mal à passer au Congrès, lequel a décidé de couper un tiers des 537 millions initialement alloués à ce programme pour 2014. Qui plus est, l’US Air Force doit dans le même temps financer d’autres projets, comme celui de son futur bombardier stratégique ou encore celui du F-35 Lightning II.

Cela étant, des pays comme la Russie et le Chine, et, dans une moindre mesure, la France, continuent de moderniser leurs arsenaux nucléaires. Il n’est donc pas illogique que le Pentagone cherche à en faire autant… Toutefois, un chiffre peut faire réfléchir : entre 1940 et 1996, les Etats-Unis ont dépensé, pour leurs forces stratégiques, 5.800 milliards de dollars (*), dont seulement, si l’on peut dire, 20 à 25 milliards pour le seul projet Manhattan…

(*) Le Fana de l’Aviation – Hors Série n°50 – 12/2012

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