La diplomatie française fait preuve de fermeté dans les négociations concernant le nucléaire iranien

Suite à quelques « ouvertures » obtenues le mois dernier, beaucoup d’observateurs comptaient sur une évolution importante dans les négociations portant sur le nucléaire iranien, entre le groupe 5+1 (pays membres permanent du Conseil de sécurité et l’Allemagne) et Téhéran, à l’occasion de la tenue d’une énième session à Genève, le 7 novembre dernier.

En outre, l’on prête au président américain, Barack Obama, soucieux de décrocher un succès diplomatique au Moyen Orient, la volonté d’arriver à un compromis de nature à mettre un terme à des discussions entamées voilà maintenant plus de 10 ans. Et l’obtention d’un accord devait en outre être facilitée par l’élection, en juin dernier, du président Hassan Rohani, lequel avait pour slogan de campagne « l’entente constructive avec le monde ».

« Tous les ministres présents ici sont conscients du fait qu’une occasion est en train de se présenter dans ces négociations (…) nous devons faire tout ce que nous pouvons pour saisir le moment et l’opportunité pour parvenir à un accord que le monde n’a pas réussi à obtenir pendant longtemps », avait ainsi affirmé William Hague, le chef de la diplomatie britannique. Quitte à avoir un accord au rabais?

C’est en tout cas qu’a refusé la diplomatie française, emmenée par Laurent Fabius, alors qu’un projet d’accord provisoire était sur la table. Si les détails de ce dernier n’ont pas été rendus publics, il demandait à Téhéran, selon certaines sources, l’arrêt de l’enrichissement de l’uranium à 20% en échange d’un assouplissment provisoires des sanctions qui frappent l’Iran. Par ailleurs, les négociateurs iraniens auraient proposé de repousser de 6 mois la mise en marche du réacteur à eau lourde d’Arak tout en continuant d’y travailler…

Aussi, pour Paris, Téhéran pouvait s’en tirer à très bon compte et l’accord, dans ces conditions (du moins, par rapport à ce qu’il en a été dit), n’aurait mis nullement un frein à la volonté iranienne présumée de se doter de l’arme nucléaire. Actuellement, l’Iran dispose de plus de 180 kg d’uranium enrichi à 20% pour un « usage médical » (ce qui paraît tout de même beaucoup pour soigner la population iranienne…). Quant au réacteur d’Arak, il est censé produire du plutonium… dont on se demande bien à quoi il pourra servir si ce n’est pour une application militaire.

« Il y a quelques point sur lesquels nous ne sommes pas satisfaits », a ainsi expliqué M. Fabius sur les ondes de France Inter. Dont le réacteur d’Arak, qu’il a estimé « extrêmement proliférant » et la question de l’enrichissement de l’uranium. « Il y a tout un stock enrichi à 20%, c’est beaucoup », a-t-il poursuivi. « Comment redescendre pour ce stock vers 5% ce qui est beaucoup moins dangeureux », a-t-il demandé. « Si c’est question ne sont pas réglées, ce ne sera pas possible », a-t-il conclu. Et cela ne l’a effectivement pas été.

Quoi qu’il en soit, cette position aurait beaucoup irrité la délégation américaine… « Les Américains, l’Union européenne et les Iraniens travaillent intensément ensemble depuis plusieurs mois sur cette proposition et ceci n’est rien d’autre qu’une tentative de M. Fabius de se montrer pertinent à stade tardif dans les négociations », a lâché l’un de ses membres devant des journalistes. Via Twitter, le président iranien a quant à lui évoqué une « mentalité de guerre froide » qui « conduit à ce que tout le monde perde ». Surtout Téhéran?

Chose que l’on aurait cru inimaginable en 2003, lors de l’affaire irakienne, la position affichée par la diplomatie française a ravi les élus républicains du Congrès (et quelques démocrates qui ne sont pas sur la même longueur d’onde que la Maison Blanche sur ce dossier), le gouvernement israélien de Benjamin Netyanahu et les monarchies du Golfe, qui ne veulent à aucun prix voir l’Iran se doter de l’arme nucléaire.

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